Morano nouvelle porte parole du FN ?
Nadine Morano est-elle devenue la nouvelle porte-parole du Front national (FN) ? En l’écoutant sur France 2 samedi soir, les téléspectateurs se sont surement posé la question tant l’eurodéputée a déroulé un discours teinté de xénophobie et d’islamophobie. Elle a notamment fait appel aux « racines judéo-chrétiennes » de la France, « pays de race blanche », pour expliquer son refus d’accueillir davantage de réfugiés.
Une France de race blanche aux racines judéo-chrétiennes
Une fois n’est pas coutume, même Laurent Ruquier, qu’on a vu plus potache, a manifesté son désaccord avec l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. « Je pense que le problème, c’est qu’en 2015, vous fassiez encore cette distinction », a lancé le présentateur. Sur le plateau d’« On n’est pas couché » samedi soir, les chroniqueurs ont quant à eux tiré à boulets rouges sur Nadine Morano, qui n’a pas semblé consciente des limites qu’elle franchissait.
L’eurodéputé Les Républicains a en effet tenu un discours que n’aurait pas renié la présidente du FN, Marine Le Pen. Selon elle, les Français ont un « sentiment d’envahissement » face au nombre d’immigrés ; « ce n’est pas un sentiment, mais une réalité », a-t-elle insisté.
Face à ce phénomène, Mme Morano estime que la cohésion nationale impliquer de garder « un équilibre dans le pays, c’est-à-dire aussi sa majorité culturelle ». « Nous sommes un pays judéo-chrétien, le général de Gaulle le disait, de race blanche (sic) », précise-t-elle. Déclarations qui ont visiblement suscité un certain malaise chez les autres invités présents, à l'exception de Geaoffroy Lejeune, journaliste travaillant pour le magazine Valeurs actuelles plusieurs fois condamné. Le Nouvel Obs rappelle que le général n’a jamais publiquement tenu ce type de discours, mais qui s’agit de propos que lui attribue Alain Peyrefitte dans un ouvrage paru en 1994, soit 24 ans après la mort du Général.
Consternant
Les deux chroniqueurs Yann Moix et Léa Salamé l’interpellent aussitôt. Le premier lui rappelle qu’il « n’y a pas de France éternelle ; un jour, la France pourrait être musulmane ». « J’ai envie que la France reste la France (…) Ce ne serait plus la France », répond l’invitée visiblement choquée par cette idée. Elle a défendu en conséquence des quotas d’immigration « en fonction des compétences dont le pays a besoin et du continent de provenance ».
La seconde chroniqueuse, Française issue d’un père libanais et d’une mère arménienne, prend également à partie l’ancienne ministre en lui demandant « comment se sentent les Antillais » dans cette France « de race blanche », expression utilisée trois fois en moins de deux minutes.
Sur les réseaux sociaux également, les réactions ont été virulentes. « Je comprends pourquoi le tribunal a finalement relaxé Guy Bedos » pouvait on lire en référence à la relaxe de l’humoriste qui avait traité Mme Morano de « connasse » dans un de ses spectacles. « Nadine Morano n’est pas de race blanche, elle est de race connasse », s’est emporté un autre téléspectateur sur Twitter. « Comment est-il possible de laisser Morano s'exprimer ainsi ? J'ai mal à ma carte de nationalité française », ajoute une internaute.
La sortie de l’eurodéputée suscite la gêne jusque chez les cadres de son parti. Bruno Le Maire a rappelé que "La France n'est pas une race, ni une religion, ni une couleur de peau". La tête de liste pour les régionales Valérie Pécresse s’est également démarquée de ces propos en estimant que « c’est un non sens (…) de parler de race ».
Rached Cherif