« Monsieur Ménard, ce n’est plus Reporters sans frontières, c’est raciste sans limite ! »
Les condamnations se succèdent après le tollé soulevé par Robert Ménard sur France 2 lundi soir au sujet du fichage des enfants par sa mairie. Raciste, honteux, écœurant, scandaleux, les mots n’ont pas manqué à droite comme à gauche pour qualifier les révélations du maire apparenté FN de Béziers.
Le CFCM « scandalisé, écœuré »
En visite officielle à Riyad, le président de la République a vivement critiqué M. Ménard, estimant que le fichage était « contraire à toutes les valeurs de la République ». « Honte au maire » de Béziers Robert Ménard, avait déclaré dès mardi matin Manuel Valls dans un tweet, ajoutant que « la République ne fait aucune distinction parmi ses enfants ».
« Monsieur Ménard, ce n’est plus Reporters sans frontières, c’est raciste sans limite ! », a raillé de son côté le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, au sujet de l'ex-président de RSF. Christian Jacob, patron des députés de l'UMP, a également dénoncé les propos de M. Ménard et s'est félicité que la justice soit saisie.
« Aucun acte raciste ne doit rester impuni (…) Les élus de la République ne sauraient se soustraire à leurs obligations et à l'impératif moral d’assurer l’égalité pour chacun de leurs concitoyens », a aussi déclaré Gilles Clavreuil, délégué interministériel à la lutte contre le racisme.
La communauté musulmane s'est pour sa part dite « scandalisée, écœurée ». Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a évoqué une « nouvelle forme » d'islamophobie et demandé des poursuites judiciaires, se réservant le droit de « saisir les juridictions compétentes » contre Robert Ménard. « Scandalisé », le syndicat lycéen la FIDL a demandé au premier ministre « de suspendre immédiatement » le maire biterrois, « en attendant les résultats de l'enquête ».
Le FN toujours « le même »
La presse de mercredi voit dans cette affaire l'illustration qu'avec ou sans Jean-Marie Le Pen, le programme du FN « est le même ». « Il s’agit, encore et toujours, d’imputer les difficultés du pays à une minorité qu’on veut exclure et de prévoir pour ce faire des moyens coercitifs étrangers à la tradition républicaine », écrit Libération.
Pour Robert Ménard, cette polémique a au moins eu le mérite de « relancer le débat sur les statistiques ethniques » : « On en a besoin de ces statistiques. En 2009, Manuel Valls il était pour. Maintenant il est contre », a-t-il rappelé, demandant au premier ministre de faire voter la loi qu'il avait proposé de présenter dans ce sens alors qu'il était député-maire d'Évry. Mais, à aucun moment M. Valls ne s’était mis dans l’illégalité en prenant des mesures de ce type.
Rached Cherif