Mineurs isolés étrangers : « un no man’s land juridique »
Alors que l'année scolaire touche à sa fin, des mineurs isolés étrangers (MIE) l'ont traversée en étant à la rue. Une situation inadmissible pour les enseignants et élèves de nombreux établissements parisiens, mais aussi militants et syndicats, qui ont manifesté devant le CASNAV et le rectorat pour rappeler leurs demandes à l'académie de Paris : la scolarisation de tous les jeunes, la prise en charge des jeunes isolés et la régularisation de tous les lycéens à leur majorité.
Faire bloc
« Les blédards à l'école ! » tel était le slogan scandé mardi dernier (12 mai) dans le 20ème arrondissement de Paris, devant le CASNAV (ayant pour mission d'accompagner la scolarisation des élèves nouvellement arrivés en France) par les nombreux militants, dont le collectif 127, créé autour des MIE. Des enseignants et élèves des Lycées Hector Guimard, EREA Edith Piaf, Dorian entre autres, mais également la FIDL, Sud Education ou encore la CGT, étaient présents pour dénoncer les agissements de la PAOMIE, de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) ou encore des juges qui désignent, via des tests osseux notamment et malgré la présentation de pièces d'identité, certains mineurs comme étant majeurs.
Une double-peine pour ces MIE qui ne peuvent donc pas obtenir les aides aux mineurs auxquelles ils ont droit, ni fournir de pièces indiquant qu'ils sont réellement majeurs : « Ils [les MIE, ndlr] ne peuvent faire valoir cette majorité, donc impossible d'aller au 115 pour obtenir un hébergement ou aller à la préfecture pour être régularisé. Ils sont dans un no-man's land juridique » s'exaspère Alex Adamopoulos, enseignant au Lycée Hector Guimard.
Une avancée ?
Du CASNAV, le cortège a rallié le rectorat devant lequel ont été organisés symboliquement des cours pour ces jeunes à qui on refuse l'entrée à l'école. Le déplacement n'aura pas été vain puisqu'une délégation a été reçue par le directeur du CASNAV ainsi que la chef de division du rectorat. Ces derniers ont indiqué avec bien conscience de la situation et se sont défendus de ne pas inscrire de MIE à l'école, chiffres à l'appui. Malgré tout l'échange semble avoir été constructif et une proposition a été faite. Il serait question d'instaurer un délai maximal d'attente des avancées des différentes actions administratives concernant un MIE candidat à une place en école (prise en charge, rendez-vous chez le juge…) : « Le CASNAV proposerait un délai maximum. Si jamais, au bout du délai, il n'y a toujours pas de réponse du juge, ils le scolariseraient quand même » indique Alex Adamopoulos.
Les problèmes perdurent
Le 17 avril dernier, la mairie de Paris avec l'Etat annonçaient réserver 70 places pour des jeunes scolarisés à la rue. Un mois plus tard rien n'a bougé. Le Lycée Hector Guimard héberge toujours trois élèves, une situation de moins en moins tenable selon l'enseignant : « Nous essayons de payer des nuits d'auberge de jeunesse mais nous n'avons plus de sous. C'est dur, ils ne mangent pas à leur faim. Il y a eu des promesses mais à part quelques mises à l'abri, pas d'avancées concrètes ». et les problèmes s'accumulent puisqu'un de leurs élèves a été arrêté et placé en rétention, il y a une semaine : « Il est a priori en centre de rétention, mais pour ne pas être renvoyé en Tunisie il a donné un faux nom à la police. Du coup, nous n'arrivons pas à savoir où il est et à organiser la mobilisation ».
La situation des MIE est plus en plus préoccupante. Malgré tout, la mobilisation grandit un peu plus chaque jour englobant de plus en plus d'enseignants et lycéens, un réel espoir selon Alex Adamopoulos : « Des lycéens se mobilisent et quand les jeunes descendent dans la rue, les choses bougent ! ».
F. Duhamel