Migration : « Ce qu’on voit en Europe, on le voit aussi dans les pays du Maghreb »

 Migration : « Ce qu’on voit en Europe, on le voit aussi dans les pays du Maghreb »

Des migrants faisant la queue à Rabat


Au cours des dernières années, le contrôle des frontières de l'Europe a été repoussé jusque dans les pays d'où les migrants et réfugiés embarquent pour traverser la Méditerranée. Une situation qui n'est pas sans conséquences dans les pays du nord de l'Afrique. Pour mettre un coup de projecteur sur ce phénomène, des associations de défense des droits organisent une discussion, autour du documentaire « Tanger, le rêve des brûleurs », pour mieux appréhender les enjeux de cette politique.


Racisme banalisé


Le but de la projection-débat, intitulée « De Tanger à Calais : La marche vers la dignité face à la militarisation des frontières » (17 février), est de dénoncer les conséquences de la « fermeture des frontières » au Maroc, porte surveillée et sécurisée sur l'Europe. « Au Maroc, comme à Calais, les jungles existent » indique Nacer El Idrissi, coordinateur national de l'ATMF (Association des travailleurs marocains de France). En France, la « jungle » de Calais qui a cristallisé beaucoup de tensions, a fait ressortir un certain racisme. Pour le coordinateur de l'ATMF, le Maroc est confronté aux mêmes problèmes : « Au Maroc, c'est pratiquement les mêmes situations qu'à Calais concernant le racisme. Nous, à l'ATMF, nous le combattons là-bas comme nous le combattons ici ( …) Heureusement qu'il y a des associations de défense des droits et de soutien des étrangers au Maroc, qui n'est pas uniquement un pays exportateur d'immigration mais qui est aussi un pays d'accueil ».


Comme en France, cette situation de blocage aux frontières pour les migrants, semble causer une discrimination se répandant sur l'ensemble du territoire : « Les migrants subissent une discrimination et un racisme qui se banalisent. Ils ne peuvent pas se loger, ils ne peuvent pas trouver de boulot, ne peuvent pas circuler sans qu'on les regarde autrement, sans qu'on les dénigre ».


Situation généralisée ?


Selon l'ATMF, la situation des migrants au Maroc n'est pas le fruit d'un cas isolé dans le nord de l'Europe. C'est tout le Maghreb qui est impacté par la politique d'immigration européenne : « Ce qu'on voit en Europe, on le voit aussi dans les pays du Maghreb. Le Maroc n'est pas une exception, on le voit aussi en Algérie, en Tunisie… On balade ces migrants subsahariens d'un coin à l'autre,


d'une frontière à une autre, c'est ce qu'il se passe entre le Maroc et l'Algérie. Mais aussi entre la Tunisie et l'Algérie ».


En exportant le « problème » hors de ses frontières, l'Europe a créé une situation des plus délicates, notamment dans les pays du Maghreb.


Malgré toutes les difficultés, les associations de défense des droits de l'homme restent vigilantes et actives pour circonvenir à cette discrimination : « Malgré les barbelés et la fermeture des frontières, les gens ont l'espoir de circuler (…) La chasse aux migrants subsahariens ne s'est pas arrêtée. Mais il y a aussi des mobilisations pour stopper tout ça, dire stop au racisme ».


CH. Célinain


 « De Tanger à Calais: La marche vers la Dignité face à la militarisation des frontières », à l'EHESS (École des hautes études en sciences sociales – Paris 6e). Le 17 février 2017, à 18h