Migrants : plus de 200 personnalités de la culture écrivent à la maire de Paris
Plus d’un mois après l’évacuation du campement de La Chapelle, plus de 200 artistes et professionnels du monde de la culture ont adressé une lettre ouverte à la maire de Paris, Anne Hidalgo, pour demander un accueil digne des migrants vivant aujourd’hui dans les rues de la capitale. Ils rappellent à l’élue ses engagements du 9 juin dernier, restés sans suite depuis.
« Traitement indigne des valeurs de notre République »
Pour le moment 222 signataires se sont joints à cet appel du monde de la culture en faveur des migrants et demandeurs d’asile. Se disant « choquées par ce traitement indigne des valeurs de notre République », ils réclament une intervention urgente de la mairie de capitale « pour résoudre la situation des 600 réfugié-e-s qui survivent dans les rues de Paris grâce à l'aide de quelques citoyens.
Parmi les mesures à prendre, ils citent notamment la « création urgente d'un lieu d'accueil collectif des réfugié-e-s qu'ils et elles pourraient cogérer avec les bénévoles qui les soutiennent. » Cette structure permettrait à ces personnes, qui ont « fui la guerre, les persécutions ou les catastrophes climatiques » de ne plus vivre dans la rue et d’accomplir leurs démarches administratives pour ceux qui souhaitent rester en France.
Situation sanitaire alarmante
Le 2 juin, un campement de plus de 300 migrants a été évacué au boulevard de la Chapelle par les autorités, qui ont promis des solutions d’hébergement. Dans les faits, de nombreux migrants se sont retrouvés sans solution le jour même ou les jours suivants et ont été aidés par des bénévoles de diverses associations. La police est intervenue à plusieurs reprises pour les déloger, parfois violemment, de leurs différents points de chute.
Ils sont plusieurs centaines à vivre aujourd’hui dans plusieurs campements sauvages où « la situation sanitaire et sécuritaire de tous ces réfugiés se dégrade de jour en jour, quand ce ne sont pas des groupuscules d'extrême droite qui viennent les terroriser », écrivent les auteurs de la lettre. Ils citent plusieurs exemples de cas particulièrement alarmants pour étayer leur appel : une femme obligée de dormir dans la rue avec un bébé âgé de quelques jours, des mineurs isolés sans hébergement, un homme blessé hébergé par un hospice faute de place au SAMU social ou encore plusieurs cas de maladies graves qui n’ont pas été pris en charge que grâce à l’intervention de soutiens.
Face à l’ampleur croissante du phénomène et pour mettre fin à « ces situations inhumaines qui font honte à la tradition humaniste dont se réclame notre gouvernement », les artistes demandent à Anne Hidalgo de recevoir une délégation de migrants et de leurs soutiens. Il s’agit de trouver des solutions avant que certains arrondissements se transforment en « mini-Darfour » et pour se conformer aux obligations internationales de la France, signataire de la Convention de Genève sur les réfugiés de 1954.
Rached Cherif