1000 migrants, 1000 dessins : les enfants expriment leur incompréhension

 1000 migrants, 1000 dessins : les enfants expriment leur incompréhension

« 1000 migrants


 


Depuis deux ans, dans le quartier de La Chapelle (Paris 18), les camps de migrants se montent et se font démanteler encore plus rapidement. Les habitants du quartier ont décidé d'agir pour que ces migrants aient le minimum décent dans leurs campements. Hier (26 juin), le collectif quartier solidaire organisait la rencontre « 1000 migrants, 1000 dessins » pour que les enfants, témoins de cette situation et interrogatifs par rapport à cette dernière, puissent s'exprimer.


 


Le regard des enfants


« Nous nous sommes rendu compte que plein d'enfants posaient des questions le matin en allant à l'école "pourquoi il y a des gens dans la rue, pourquoi des tentes dans la rue…" En tant que parents nous n'avions pas toujours le moyen d'expliquer. Nous nous sommes dit qu'il fallait qu'ils puissent exprimer ce qu'ils voyaient et s'exprimer à travers les dessins » explique Boris Najman, membre du collectif Quartier Solidaire. Le long des grilles installées le long du Jardin d'Eole, une multitude de dessins flottent au vent. Représentant des familles de migrants, des bateaux en train de couler, des frontières infranchissables, les dessins des enfants expriment clairement ce dont ils sont témoins au quotidien. Une initiative permettant d'unir le quartier autour de cette cause : « Nous voulions lier aussi les écoles du quartier, que ce ne soit pas que localiser sur les écoles proches du campement mais que tout le monde soit solidaire de la situation des migrants ».


 


Situation choquante


Voilà deux ans que les camps se succèdent dans le quartier La Chappelle : « Toujours le même genre de campement mais les citoyens sont un peu mieux organisés » selon Boris Najman. Dans le jardin d'Eole, là où sont accrochés les dessins, était installé un camps de 1800 personnes. Démantelé il y a environ trois semaines, un nouveau camps, d'environ 600 personnes, s'est monté rue Pajol. Là encore, le minimum n'a pas été accordé aux migrants : « Pas mal de gens font le Ramadan sur le campement, nous avons demandé un point d'eau pour qu'ils puissent s'en servir après la rupture du jeûne. On nous a dit « il y a un point d'eau dans le parc ». Mais le jardin ferme après 22h, ça ne servira pas quand les gens en auront besoin au moment de la rupture du jeûne… » s'indigne le membre de Quartier Solidaire. Si le contact est bien établi entre le collectif et la mairie, cette dernière « ne comprend pas l'urgence des gens », c'est pourquoi le collectif a installé un point d'eau.


 


Quel avenir ?


« Je ne pense pas que, ni au niveau local, ni au niveau municipal, nous avons anticipé les problèmes de cet été. En ce moment 50 nouvelles personnes arrivent chaque jour à Paris. Pendant les vacances je pense qu'on peut raisonnablement passer à 100-150 par jour. Avec les moyens qui sont mis, ça deviendra très vite catastrophique » déplore Boris Najman, économiste de profession. Une situation face à laquelle le collectif se doute bien qu'il aura peu d'aide des autorités et il y est habitué : « Je vois le rôle du collectif un quartier solidaire comme une nouvelle façon d'agir politiquement des citoyens face à un Etat qui ne fait pas son boulot ».


 


F. Duhamel