Migrants : dérives dans les centres d’hébergement d’urgence ?
Les centres d'hébergement d'urgence ouverts dans le cadre du « plan migrants » seraient-ils en proie à certaines dérives. Sur la base de témoignages recueillis par un de ses membres, l'Observatoire de l'enfermement des étrangers (OEE), ainsi que le Réseau éducation sans frontières de l’Essonne (RESF 91), ont écrit une lettre ouverte à Jean-François Carenco (préfet de la région Ile-de-France, préfet de Paris) pour éclaircir des cas de possibles maltraitance et autres abus.
Conditions insuffisantes
L'OEE met directement les pieds dans le plat en demandant au préfet de la région Ile-de-France de « vérifier en urgence les conditions dans lesquelles sont traitées les 70 personnes hébergées à Massy depuis novembre 2016 à la suite d’une évacuation d’un campement à Paris ». En ligne de mire, la prise en charge « totalement insuffisante » de l'ordre d'un travailleur social pour 70 personnes. Pour ne rien arranger les conditions matérielles d'accueil s'avèrent également loin d'être satisfaisantes : « Conditions matérielles d’hébergement peu appropriées à une prise en charge de
longue durée (dortoir surpeuplé, sans intimité, douches froides, manque de chauffage, difficultés pour laver le linge…) ». Pour l'OEE, le fait qu'il s'agisse d'un centre d'hébergement d'urgence ne justifie absolument pas le fait que de telles conditions soient acceptées.
Fin de prise en charge injustifiée ?
Ce qui a surtout conduit l'OEE et RESF 91) a prendre attache avec M. Jean-François Carenco, ce sont les faits présumés suivants : « Trois des personnes hébergées ont fait l’objet d’une fin de prise en charge alors qu’elles avaient protesté contre leurs conditions d’accueil et demandé le soutien d’associations et d’avocats. Le 1er février, la police a été appelée pour faire exécuter cette fin de prise en charge par le responsable du centre, au motif qu’elles auraient commis des actes de violence ».
Si ces personnes sont aujourd'hui libres et n'ont pas été « reconduites aux frontières », elles sont actuellement privées de prise en charge dans le cadre du « plan migrants ». Une affaire aux contours flous que l'OEE veut éclaircir dans les meilleurs délais : « Ces événements graves doivent conduire à une enquête et au relogement immédiat dans des conditions dignes des personnes concernées ».
Beaucoup d'interrogations qui seront levées une fois l'enquête menée à son terme, si toutefois une investigation est décidée.
En attendant l'OEE et RESF 91 « demandent à ce que les lieux d’hébergement du « plan migrants » ne servent pas à mettre en œuvre une politique de contrôle qui tendrait à faciliter les expulsions »…
CH. Célinain