Mieux former les imams : un rapport remis au gouvernement

 Mieux former les imams : un rapport remis au gouvernement

Trois universitaires ont remis un rapport au gouvernement en vue d’améliorer la formation des imams et de contrer les discours radicaux.


Trois universitaires formulent des propositions en vue d'améliorer la formation des imams pour mieux contrer les discours radicaux, dans un rapport remis jeudi après-midi aux ministres de l'Éducation nationale et de l'Intérieur, Najat Vallaud-Belkacem et Bruno Le Roux.


 


Encadrer la formation des imams dans le respect de la loi de 1905


Cette « mission de réflexion », autour de ce chantier relancé après la vague d'attentats ayant frappé la France depuis 2015, a été conduite par une historienne de l'islam, Catherine Mayeur-Jaouen, une juriste spécialiste de la laïcité, Mathilde Philip-Gay, et un islamologue, Rachid Benzine. « Dès lors que l'on s'adresse à des fidèles, il faut être formé », souligne Bruno Le Roux dans un entretien paru jeudi dans La Croix.


Selon lui, « cette nécessité est d'autant plus impérieuse que les fidèles sont de plus en plus jeunes et sont en recherche d'informations sur l'islam par d'autres moyens, comme internet ». Pourfendant ceux qui voudraient « qu'à terme leur religion soit une religion d'État », il a souhaité des imams « capables » de dire que « c'est une chance d'être en République ».


Les pouvoirs publics estiment avoir leur mot à dire en matière de formation des prêcheurs, malgré la séparation des cultes et de l'État fondée sur la loi de 1905. Il ne s’agit surtout pas de financer, ou même d’organiser des formations théologiques, mais de développer l'enseignement – laïque – de l'islamologie à l'université publique.


 


Rompre avec « l’islam des consulats »


« Comme le préconise le rapport, nous nous appuierons sur les 14 diplômes universitaires, sur le fait religieux et la laïcité, en complétant avec une approche historique de l'islam, de l'anthropologie, de la philosophie », souligne le ministre également chargé des cultes.


Les attentes sont fortes chez les acteurs de l'islam (entre 4 et 5 millions de croyants). Si la France aux 2 500 mosquées et salles de prière peut compter sur 1 800 imams en exercice, leur situation est souvent peu enviable : statut indéfini, travail mal rétribué, voire bénévole, etc. Il y a bien, parmi eux, 300 imams directement « détachés » par des pays d'origine (Turquie, Algérie et Maroc), mais ceux-ci ne sont pas toujours francophones, et leur simple présence accrédite l'image d'un « islam des consulats » que l'État cherche à corriger.


Dans un point d'étape présenté en décembre, les trois rapporteurs avaient préconisé de créer des partenariats entre universités publiques et instituts de théologie privés. Selon l'Intérieur, cette solution du « partenariat » public-privé « présente de grands avantages, notamment celui de brasser les publics et de créer des rencontres, ce qui participe pleinement du principe de laïcité ».


Rached Cherif


(Avec AFP)