Marseille : L’enseignant juif sera jugé pour avoir inventé son agression
L’enseignant juif soupçonné d’avoir inventé son agression en novembre à Marseille sera jugé en avril pour « dénonciation mensongère d’un délit imaginaire », a annoncé le parquet dans un communiqué envoyé exclusivement à l’AFP.
L’enseignant a menti selon les enquêteurs
« À l’issue d’une enquête particulièrement approfondie, il est apparu que les déclarations de la prétendue victime d’une tentative de meurtre n’étaient corroborées ni par les premières constatations des pompiers intervenants, ni par l’expertise médico-légale, ni par la dernière expertise médico-technique, a indiqué le procureur Brice Robin. D’un point de vue cutanéo-vestimentaire, médicolégal ou criminalistique l’hypothèse la plus probable est celle d’une auto-mutilation ».
Tsion Saadoun avait été placé mercredi en garde à vue à l’Évêché. Les policiers de la Sécurité publique le soupçonnaient d’avoir inventé son agression. Aucun doute ne plane en revanche sur l'agression d'un autre professeur juif, survenue à Marseille le 11 janvier, et revendiquée au nom de Daech par un adolescent turc qui a ensuite été mis en examen.
Un contexte de tension extrême
Le 18 novembre, quelques jours après les attentats de Paris et de Saint-Denis, Tsion Saadoun, avait expliqué avoir été agressé au couteau par trois hommes se revendiquant de Daech alors qu'il rentrait chez lui. La police recherchait les agresseurs de l'enseignant. Selon le récit de Tsion Sylvain Saadoun, un scooter l'a accosté et a demandé la localisation d'une rue. « Ils m'ont demandé si j'étais juif ou musulman. Et quand j'ai dit que j'étais juif, ils se sont rués sur moi et m'ont jeté à terre, en me disant qu'ils allaient me faire souffrir et me tuer », a raconté le quinquagénaire.
Selon l’affabulateur présumé, l’un d’entre eux aurait exhibé un t-shirt portant la mention de Daesh avant de sortir son téléphone portable et de montrer une photo de Mohamed Merah. Selon son avocate, Karine Sabbah, l’enseignant a maintenu cette version des faits pendant sa garde à vue. Tsion Saadoun comparaîtra pourtant devant le tribunal correctionnel de Marseille le 13 avril. Il risque six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende.
Rached Cherif
(Avec AFP)