Racket journalistique « La tentation était trop forte »

 Racket journalistique  « La tentation était trop forte »

Eric Laurent (en photo) et Catherine Graciet ont reconnu avoir cédé à « la tentation. » PIERRE VERDY / AFP


Dans l’affaire du chantage qui a visé le roi du Maroc, la thèse du complot est-elle recevable ? 


Mis en examen le samedi 29 août, pour "chantage" et "extorsion de fond", accusés d'avoir tenté de soustraire au roi du Maroc Mohammed VI de l’argent contre la promesse de ne pas publier un ouvrage de plus sur le royaume, les journalistes mis en cause dans cette sordide affaire crient « au traquenard » évoquant une « opération politique » taillée sur mesure pour nuire aux deux écrivains « dont l'enquête est de nature à révéler de lourds secrets » ( sic) !


Sauf que les charges qui ont été retenues par le parquet qui avait ordonné leur garde à vue sont trop lourdes. Il y a d’abord l’enregistrement, (une preuve de plus) publié par le Journal du Dimanche du 30 août, accablant définitivement les deux accusés. Il y aussi la lettre manuscrite révélée en exclusivité par BFMTV. Dans cette lettre manuscrite, le contrat rédigé à la main par Catherine Graciet le 27 août dernier au bar de l'Hôtel Raphael à Paris, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc et à ne plus jamais s’exprimer publiquement sur ce pays directement ou indirectement ou par personnes interposées, ni à faire quelques révélations (…) sur ce sujet ».


En contrepartie, ils recevront la somme de deux millions d'euros. Elément d’accusation encore plus grave, les deux écrivains reconnaissent avoir touché un acompte sur ce contrat vénal : « Nous confirmons avoir reçu à ce jour une avance de 80.000 euros ». Le flagrant délit (situation dans laquelle un individu est pris sur le fait en train de commettre un délit ou un crime) est donc bien établi. Signe que les deux journalistes sont bien dans l’embarras, ils se perdent désormais en contradictions, avancent la chose et son contraire et finissent par craquer comme Catherine Graciet qui fond en larmes devant les journalistes du Parisien et finit par avouer avoir eu un moment de faiblesse. « C’est humain, non ? Chacun se demande ce qu’il ferait de sa vie avec 2 millions d’euros » !


Mais le coup de grâce viendra de l’éditeur. Le Seuil a ainsi tranché le 31 aout dans la polémique sur la publication ou non de l’ouvrage incriminé en annonçant qu'il renonçait à publier le livre sur le Maroc des journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet, arguant que "la relation de confiance" entre l'éditeur et les auteurs était "de facto dissoute".


 


 


 


Abdellatif El Azizi