Loin de l’esprit du 11 janvier, la France de plus en plus islamophobe selon le CCIF
Dans un rapport rendu public six mois après les attentats de Paris, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) pointe une montée inquiétante de l’islamophobie. Bien loin du vivre-ensemble et de l’esprit du 11 janvier, le document annonce par exemple une augmentation du nombre d’agressions allant de 100 % à 500 % pour les six premiers mois de l’année.
L’esprit du 11 janvier a vécu
Pour le CCIF, « “l’esprit du 11 janvier” n’a pas été aussi inclusif qu’il aspirait à l’être et les citoyen-ne-s de confession musulmane en ont payé un lourd tribut ». Malgré les appels à éviter les amalgames de la part de politiques « se voulant rassurant », la stigmatisation a augmenté de façon exponentielle au premier semestre 2015, selon les données compilées par l’association.
« Entre le 1er janvier et le 18 juin 2015, les agressions physiques ont augmenté de 500 % et les agressions verbales de 100 %. Cibles visibles et vulnérables, les mosquées n’ont pas été épargnées. Les actes de dégradation et de vandalisme ont connu un bond de 400 %. La liste des types d’agression est longue : mosquées attaquées, femmes voilées menacées de mort, enfants humiliés en classe, collégiennes harcelées, écoliers fichés, propagation des discours de haine et même des appels à une guerre contre les musulmans », note le rapport.
Laisser aller des autorités
Mais pour le CCIF, les attentats de janvier ne sont pas suffisants pour expliquer cette explosion de l’islamophobie. « Tout ceci n’est compréhensible que si l’on regarde en arrière et que l’on constate la montée progressive et lancinante de l’islamophobie en France depuis une dizaine d’années », estime l’association qui accuse les autorités de ne pas « prendre des mesures fermes et concrètes pour l’endiguer. »
Résultat de ce laxisme : les victimes, des femmes dans trois cas sur quatre, sont souvent réticentes à déposer une plainte. « On refuse d’accepter ma plainte », expliquent beaucoup d’entre elles en venant signaler une agression au CCIF. Fait alarmant, « les enfants n’ont pas été épargnés par l’islamophobie qui s’est infiltrée dans les écoles primaires » ces derniers mois.
L’attaque de Charlie Hebdo et la prise d’otage de la porte de Vincennes ont donc « exacerbé une stigmatisation déjà institutionnalisée depuis le début des années 2000 », regrette le rapport. De plus, « il est à craindre que l’Islam ne devienne un enjeu électoral permanent et que ce soit la société dans son ensemble qui en soit pénalisée », regrettent les auteurs, même s’ils notent que le gouvernement a « rappelé à l’ordre les fonctionnaires de Police afin qu’ils acceptent les dépôts de plainte des victimes d’islamophobie ».
Rached Cherif