Logement à Saint-Denis : « Nous réclamons un plan d’urgence »
Après un mois passé à la rue, une mobilisation et l'occupation d'un établissement, une famille de Saint-Denis, composée notamment de six enfants, sera finalement hébergée pour une durée de quinze jours. Une situation mettant en avant les problèmes de logement persistants en Seine-Saint-Denis, dont les pouvoirs publics semblent avoir du mal à se saisir.
Première victoire ?
Cela faisait un mois que la famille B. avait été expulsée de l'hébergement qu'elle occupait dans une résidence sociale à Saint-Denis, et ce, sans qu'aucune solution de substitution n'ait été apportée par les pouvoirs publics. Face à l'immobilisme ambiant, la semaine dernière (4 mai), le collectif de soutien décidait d'occuper l'école Rachel Carson de Saint-Denis. Une élue de la mairie de Saint-Denis s'était alors rendue le jour même dans l'école.
Cette dernière « avait promis une prise en charge de l’hébergement de la famille B sur le territoire de la commune de Saint-Denis. D’abord en hôtel, pour une durée d’au moins une semaine et ensuite jusqu’à ce que la famille se voit proposer une solution pérenne compatible avec la scolarisation des enfants à Saint-Denis » selon le collectif.
Dans un premier temps, la famille s'était vue offrir une solution d'hébergement pour trois nuits, donc loin des termes de ce qui avait été évoqué. Cependant, la pugnacité du collectif de soutien de la famille a fini par payer : « l’intervention des parents et enseignant-es, par l’occupation de l’école, la pétition, l’interpellation d’élus le soir des résultats présidentiels, du conseil départemental et de la préfecture ; ont permis d’obtenir 15 jours d’hébergement à proximité de l’école ». Une victoire ? Certainement mais que n'a-t-il pas fallu faire pour obtenir ces quinze jours d'hébergement.
Problème récurrent
La situation de cette famille dionysienne est malheureusement loin d'être unique. L'année dernière (juin 2016), un incendie dans un logement insalubre de la rue Paul-Eluard faisait cinq victimes. Les personnels du Collège Elsa Triolet, dans lequel était scolarisée l’une des victimes, s'indignaient déjà de la politique du logement dans la ville : « Les collectivités publiques engagent 1,7 milliard d'euros pour financer la coupe d'Europe de football [Organisée par la France en 2016, ndlr]. C'est autant d'argent qui ne servira pas à rénover les logements insalubres comme celui de la rue Paul Eluard, ni à construire des logements sociaux ».
Rénover les abords du Stade de France, afin que l'image de Saint-Denis soit irréprochable aux yeux des nombreux touristes et des télés du monde entier. Un simple pansement sur une fracture ouverte. La situation du logement en Seine-Saint-Denis nécessite un véritable changement : « Nous réclamons un plan d'urgence sur la question du logement sur Saint-Denis avec la construction de logements sociaux, la rénovation des logements insalubres et le relogements des personnes expulsées de leurs logements » demandaient à l'époque les personnels d'Elsa Triolet.
Un an plus tard, les problèmes sont toujours là, les difficultés de la famille B. sont là pour en attester. Cependant, le collectif de soutien de cette famille sait que si une bataille a été remportée, le combat continue : « le collectif de soutien à la famille B reste mobilisé et prévoit d’ores et déjà des actions afin d’obtenir une solution d’hébergement pérenne vers un relogement durable ».
CH. Célinain