Les universitaires prônent la vigilance face à la loi « antiterroriste »
Depuis le 18 octobre dernier et l’annonce de l’adoption de la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, les réactions ne cessent d’affluer. Alors que les organisations de défense des droits de l’homme avaient déjà fait entendre leur mécontentement, c’est aujourd’hui les universitaires, enseignants comme étudiants, qui montent au créneau pour pointer une répression exacerbée par l’état d’urgence depuis deux ans.
« Bâillonner » l’expression universitaire ?
Face à l’adoption de la loi dite « antiterroriste », les étudiants et enseignants du Collectif de réflexion et d'action contre l'état d'urgence de l'Université Paris 8, Vincennes-Saint-Denis, organisent une certaine résistance.
Alertés par plusieurs événements dont, le dernier en date, l’annulation du colloque « Lutter contre l’islamophobie, un enjeu d’égalité », parce que les conditions n'étaient pas « réunies pour garantir la sérénité des échanges et le bon déroulement des débats autour de la question de l’islamophobie et de ses enjeux politiques », selon l’Université Lyon II, où devait se tenir ce colloque.
Pour le collectif, cette annulation résulte de la pérennisation de l’état d’urgence qui favoriserait le « bâillonnement de la libre expression des universitaires, verrouillage de la circulation des idées dans l'espace public, censure de débats présumés « troubler l'ordre public » ».
Appel à la résistance universitaire
Malgré l’adoption de la loi « antiterroriste », le collectif de réflexion et d'action contre l'état d'urgence ne compte pas baisser les bras face à l’entrée dans le droit commun de mesures de l’état d’urgence : « Nous (…) appelons donc toutes celles et tous ceux qui sont alerté.e.s par le renforcement d'un appareil juridico-policier qui semble ne plus se donner de limites que pour mieux les transgresser, à multiplier les lieux de réflexion et de contestation de l'état d'urgence ».
Loi « antiterroriste » sous surveillance
Le collectif de réflexion et d'action contre l'état d'urgence de Paris 8 organisera, mercredi 8 novembre à Paris 8, une rencontre dans le but de « discuter et organiser une riposte qui ne peut être que collective », des rencontres qu’ils espèrent multiplier dans l’année 2018. Ces derniers ne sont pas les seuls à vouloir rester vigilants par rapport à cet état d’urgence « permanent » puisque plusieurs organisations de défense des droits de l’homme préparent également la mise en place « d’observatoires pour recenser les abus et dérives », déjà constatés avant l’adoption de la loi « antiterroriste »…
CH. Célinain