Les réalisatrices tunisiennes à l’avant-garde

 Les réalisatrices tunisiennes à l’avant-garde

Affiche (partie) de Hors-Je


 


A la veille de la journée internationale de la femme, l'Institut du monde arabe (IMA) et l'Association cinéma tunisienont décidé de marquer le coup en projetant six court-métrages de six réalisatrices tunisiennes. 


 


Les thématiques sont variées pourtant deux tendances se dégagent de la sélection. D'une part l'envie de montrer une image positive de la femme tunisienne et d'autre part la difficulté qu'elle éprouve à se faire une place dans une Tunisie post-révolution où les lignes restent difficiles à bouger.


 


Complexité


La moitié des court-métrages qui seront diffusés ce soir (7 mars) à l'IMA auront pour sujet, directement ou indirectement, la Révolution. Parmi les films présentés, les spectateurs pourront voir ou revoir « Laisse-moi finir » de Doria Achour. L'ayant en 2014, la réalisatrice ne voulait pas qu'il ressemble à un film de plus sur l'après-révolution, comme elle le déclarait sur TV5 Monde en janvier 2014 : « J'avais envie de capter ce moment d'après. cette sorte de creux de la vague médiatique, euphorique, artistique aussi (…) Dans certains médias [occidentaux, ndlr] le discours est faussement naïf (…) On ne veut pas entendre parler de ce qu'il se passe vraiment, de la complexité ». Une révolution très médiatique, une révolution vue comme romantique en Europe, mais une révolution qui n'aura pas tout réglé. Et notamment pour les femmes qui continuent de se battre pour leur statut, malgré le fait qu'elles aient joué un rôle prépondérant dans la réussite de cette Révolution.


 


Déception


A la veille des élections législatives tunisiennes en 2014,  Sihem Badi, tête de liste du Congrès pour la République (CPR) pour la circonscription France-Nord et seule femme (ministre des Affaires de la femme tunisienne) dans un gouvernement d'hommes après la Révolution, confiait sa déception concernant la place des femmes en politique : « Ce n'est pas une question de compétences, c'est malheureusement une question de mentalités (…) Il faut travailler pour que la femme ait de nouveau sa place, que ce ne soit pas juste des slogans. C'est bien beau de faire des lois, il faut les appliquer (…)  pour le futur, j'espère que nous aurons des femmes ministres, pas seulement pour le portefeuille de la Femme et de la famille ».


Deux ans plus tard, Sonia Mbarek (Culture), Samira Meraï (Femme et Enfance) et Selma Elloumi Rekik (Tourisme et Artisanat) représentent le gente féminine au sein du gouvernement tunisien, l'évolution n'est pas spectaculaire. Le changement pourrait donc venir de la culture, et notamment du cinéma, puisque les réalisatrices de la Tunisie indépendante représentent environ le quart de la corporation. L'échantillon des six réalisatrices tunisiennes que nous offrira l'IMA ce soir, donne un peu d'espoir quant à une avancée du statut de la femme en Tunisie.


 


F. Duhamel