Les quartiers toujours défavorisés

 Les quartiers toujours défavorisés

rg/pld V. Breschi/R. Gremmel / AFP


 


Le rapport annuel de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) propose une analyse détaillée de la situation dans les quartiers en 2013.


 


Rien n’a changé ou si peu. Voilà ce qui émerge du rapport annuel de l’ONZUS publié ce mercredi 6 mai sur la situation en 2013 dans les quartiers qui bénéficient des dispositifs de la politique de la ville. Si de légères avancées sur le front de l’emploi sont à noter, la réalité économique et sociale est toujours aussi difficile.


 


Un taux de pauvreté trois fois plus élevé que dans le reste du territoire


L’écart continue inlassablement de se creuser entre les zones urbaines sensibles (ZUS) et le reste du territoire. “La part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 987 euros par mois, y est trois fois plus élevée qu’ailleurs” souligne le rapport. Comme souvent, ce sont les jeunes qui en pâtissent. Un tiers des moins de 18 ans bénéficie de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC) et chez les 18-24 ans, un jeune sur deux vit sous le seuil de pauvreté.


 


Emploi, chômage, des chiffres stables mais inquiétants


Sans surprise le taux de chômage reste 2,5 fois supérieur en ZUS (23%) que dans le reste du pays (9%). Les jeunes, les femmes, les personnes ayant un faible niveau d’étude et les immigrés rencontrent le plus de difficultés pour trouver un emploi. Le rapport se veut optimiste en soulignant que “bien que fragile, la situation est dans une phase de stabilisation”. Les dispositifs spécifiques de retour à l’emploi, comme les emplois d’avenir créés en 2012, ont contribué à limiter la progression du chômage, “en particulier dans les quartiers”.


Plus de 48.000 contrats uniques d’insertion et 12.000 emplois d’avenir ont ainsi été créés dans les zones urbaines sensibles. Entre 2012 et 2013 le pourcentage des résidents actifs des ZUS âges de 15 à 64 ans au chômage n’a pas changé. C'est déjà ça. L’obtention d’un diplôme d’enseignement supérieur favorise l’accès à l’emploi pour certains mais pas pour les femmes, les jeunes et les immigrés. Et pour ne pas changer il subsiste des écarts significatifs de taux d’emploi entre les Zus et les unités urbaines environnantes à niveau de diplôme équivalent.


 


Scolarité: une orientation biaisée


Les chiffres sont éloquents. “Les lycéens issus de collèges en Zus s’orientent deux ans après la 3e beaucoup moins vers une filière générale en 1ère (27,1%) que ceux issus de colleges en dehors des Zus (40,4%)”. La suite n’est pas plus reluisante. Seulement un quart des collégiens scolarisés en Zus s’orientent vers une filière générale en 1ère. A contrario la filière professionnelle est plus suivie par les élèves issus d’un collège en Zus que ceux d’un collège hors Zus.


 


Une santésacrifiée


De nombreux adultes renoncent souvent aux soins par manque de moyens. “Plus d’un habitant sur quatre a renoncé à des soins dentaires pour des raisons financières au cours de l’année écoulée” explique le rapport. Au delà des difficultés financières rencontrées par les habitants, l’offre médicale limitée dans certains quartiers et la difficulté d’obtenir des rendez-vous rapidement est souvent rédhibitoire. Plus d’un résident de Zus sur 10 (12,4%) n’a pas de couverture maladie complémentaire (contre 6,1% pour le reste de la population).


Un rapport qui confirme une réalité. Dans les quartiers populaires, si cher au candidat Hollande, rien n’a changé et ce sont toujours les mêmes qui paient les pots cassés.


 


Jonathan Ardines