Les migrants s’imposent dans le débat politique estival

 Les migrants s’imposent dans le débat politique estival

Camp de migrants au quai d’Austerlitz à Paris. CITIZENSIDE/Serge Tenani


« La réponse est européenne, la solution est d'abord dans ces pays », a déclaré mercredi à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) le Premier ministre Manuel Valls, interrogé sur les critiques de Marine Le Pen. La patronne de l’extrême droite française a en effet critiqué l’action du gouvernement en matière de gestion des flux migratoires et avait également pointé la responsabilité de Nicolas Sarkozy dans la situation actuelle.


 


2000 morts en mer


Gauche, droite et extrême droite semblent avoir fait des migrants le principal sujet de débat en cette période estivale. Les quelques centaines de migrants errants à Paris et les 3000 de la région de Calais – sur les 175 000 arrivés depuis le début de l’année en Europe – sont au cœur de la vie politique française depuis début juin. Par ailleurs, l’OIM a annoncé que la barre des 2000 morts en Méditerranée a été franchie.


Profitant de l’attention médiatique sur l’un de ses thèmes de prédilection, l’extrême droite tente de tacler le gouvernement. « La classe politique française passe sa vie à essayer d’aller chercher des responsabilités ailleurs, alors que c’est eux les responsables de la situation », a notamment déclaré mercredi la présidente du FN sur RTL.


 


Sarkozy responsable de la vague d’immigration


Fidèle à sa rhétorique, Mme Le Pen a mis une nouvelle fois mis en concurrence Français et migrants. Interrogée sur la mise à disposition de migrants de logements d'urgence supplémentaires à Paris, Mme Le Pen a lancé : « Quelle honte ! » « Il y a des centaines de milliers de Français qui attendent un logement d’urgence, qui attendent un logement social ».


« Nicolas Sarkozy porte une responsabilité historique dans l'aggravation des flux d’immigration clandestine dans notre pays », a déclaré Mme Le Pen sur RTL. « C’est lui qui a déstabilisé la Libye avec le soutien de François Hollande », a-t-elle poursuivi.


 


La droite braconne sur les terres du FN


Une partie de la droite, partie à la chasse aux voix du Front national, n’hésite plus à tenir un discours anti-immigration, voire franchement xénophobe. Xavier Bertrand, candidat face à Marine Le Pen pour les élections régionales dans la région Nord-Picardie, a proposé lundi d’établir un « blocus maritime, pas au large des côtes italiennes comme aujourd'hui, au large des côtes libyennes, tout près des côtes libyennes, à un kilomètre, dans les eaux territoriales libyennes ».


Mieux, l’ancienne ministre de Sarkozy, Nadine Morano, s’est indignée mardi que Paris soit « envahies de SDF, de matelas sur les trottoirs », en allusion aux centaines de demandeurs d’asile sans solution d’hébergement. Elle suggérait même de « réquisitionner (…) des avions d'Air France pour expulser tous les déboutés du droit d'asile »


 


Le gouvernement à la peine


Côté gouvernement, deux lois sur les droits des étrangers et sur l’asile sont à l’agenda. Censées être à la fois « fermes et justes », elles sont cependant critiquées par les associations de défense des droits des migrants et une partie de la majorité. L’exécutif faisait jusque-là profil bas dans les médias sur une thématique dont il sent bien que l’opinion publique échaudée par la hausse du chômage.


« La différence entre Marine Le Pen et moi, c'est que je gouverne. Il vaut mieux qu'elle ne gouverne pas. Le projet qu'elle a pour la France est profondément anti-national », a toutefois répondu ce mercredi le Premier ministre. En matière d'immigration « il faut des règles : ceux qui sont en situation irrégulière doivent être reconduits à la frontière », a-t-il ajouté dans la logique de fermeté affichée par son gouvernement. Quant aux centres d'accueil des migrants, « ce ne peut pas être une solution durable », a estimé Manuel Valls.


Rached Cherif