Les jeunes étrangers : dommages collatéraux de la politique d’accueil française
Ces derniers mois, le sort des migrants a ponctuellement été présent dans l'information internationale allant même jusqu'à s'imposer dans le calendrier politique du gouvernement Macron. Si ce dernier a promis de faire de la question des réfugiés une priorité, la question du traitement des migrants mineurs, isolés ou pas, ne semble pas à l'ordre du jour. Pourtant de nombreux enfants subissent les dommages collatéraux de la politique d'accueil de la France.
Les droits des jeunes isolés étrangers
Etre pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE) ou dormir à la rue. Le choix se réduit souvent à celui-ci lorsque l'on est jeune isolé étranger. Entretiens suspicieux, tests osseux à la fiabilité maintes fois mise en cause, font partie de l'arsenal administratif à disposition des tribunaux et autres administrations pour décider du sort de ces enfants.
Plusieurs associations, dont la FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s) ou encore RESF (Réseau d’Education Sans Frontières), annoncent une campagne nationale dès le mois septembre pour dénoncer un système dont les enfants sont victimes malgré les dispositifs mis en place et les conventions internationales :
« Malgré l’encadrement prévu par la protection de l’enfance et ses dispositions réglementaires, les pratiques de trop de services de l’Aide sociale à l’enfance ou des associations chargées de ces jeunes conduisent à de véritables maltraitances : « parcage » des mineurs isolés dans les hôtels ou hébergements inadaptés à l’accueil d’enfants et de jeunes, non-scolarisation. Quant aux exclus de la prise en charge, ils sont condamnés à l’errance, harcelés et contraints de décamper de leurs abris de fortune lorsqu’ils ne sont pas victimes de violences policières ».
Contre l'enfermement des enfants
Les jeunes isolés étrangers ne sont pas les seuls à pâtir de cet accueil. Les enfants de migrants n'ayant pas obtenu le droit d'asile sont eux aussi menacés lorsque leurs parents sont visés. Ainsi des mineurs se retrouvent enfermés dans des centres de rétention administrative.
Les associations de défense des droits de l'Homme appellent à la vigilance en cette période estivale : « Avec la période estivale, nous redoutons une multiplication des enfermements de mineurs dans les centres de rétention, comme c’est le cas chaque année. Afin d’éviter la mobilisation des associations et des parents d’élèves pendant l’année scolaire, les préfectures procèdent à de nombreuses procédures d’enfermement et d’expulsion en juillet et août ».
C'est pourquoi des organisations comme La Cimade ou encore la Ligue des droits de l'Homme se sont regroupées pour porter une pétition à l'adresse du président de la République, Emmanuel Macron, afin « qu’il interdise cette maltraitance dénoncée par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) mais également le Comité des droits de l’enfant des Nations unies ou encore le Défenseur des droits ». La pétition a déjà recueilli 53 000 signatures.
Pour rappel, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait condamné la France pour des « pratiques dégradantes » à l’encontre des enfants enfermés en rétention l'année dernière (12 juillet 2016).
CH. Célinain