Les 5ème rencontres BDS font un carton… sans les journalistes

 Les 5ème rencontres BDS font un carton… sans les journalistes

Les 5ème rencontres annuelles de BDS France à la bourse du travail de Marseille




Malgré l'importance de l'évènement, peu de médias à l'arrivée. A part, quelqu'un du quotidien local La Marseillaise, un canard classé très gauche, "la cousine du journal l'Humanité", dixit fièrement notre consoeur, et un journaliste indépendant qui devrait arriver à "vendre un papier" à Médiapart, les journalistes ont boudé la conférence de presse qui venait clôturer les 5ème rencontres annuelles de BDS France qui ont eu lieu à la bourse du travail de Marseille ce samedi 16 et dimanche 17 janvier. 




En 2005, plus d'une centaine d'associations palestiniennes lançaient l'appel BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions), à l'image de ce qu'il s'était passé en Afrique du Sud au temps de l'apartheid, afin d'obliger l'état d'Israël à respecter les droits du peuple palestinien. Quatre ans plus tard, naissait BDS France. Après Saint-Denis (2 fois), Bègles et Lyon, le "week-end BDS" a posé ses valises à Marseille dans la cité phocéenne. 48h d'échanges, de débats, de discussions souvent passionnées.


 


"Ce week-end a permis aux militants d'obtenir des outils afin d'être plus efficace dans leurs actions : apprendre à mieux communiquer, comment mieux convaincre de la nécessité du boycott, apprendre à mieux maîtriser les réseaux sociaux… ", pointe Imen Habib, une des animatrices de la campagne BDS France.




"Peu de journalistes, c'est vrai. Par contre, les militants, eux, ont répondu présent. Prés de 150 personnes de 40 villes différentes, de toutes générations et origines ont participé au succès du rassemblement. Beaucoup plus que lors des précédentes éditions", se félicite la militante.  "Et ce, malgré les menaces de procès qui planent sur eux". 


 


En février 2010, Michèle Alliot-Marie, à l'époque garde des Sceaux, "demandait par une lettre-circulaire aux Parquets d’engager des poursuites contre les personnes appelant ou participant à des actions de boycott des produits déclarés israéliens". Depuis, une dizaine de procès ont eu lieu, donnant parfois suite à des condamnations. Mais pour les responsables de BDS France, ces "jugements injustes", au lieu de les dissuader, ont renforcé leur détermination.  


 


"Vous connaissez les militants ? Faut pas les énerver", sourit Olivier Schutz du comité BDS Grenoble. Mais ces menaces de procès poussent également les militants à plus de vigilance. "En ce qui concerne nos actions dans les supermarchés, nous avons décidé de revoir nos tracts", reconnaît de son côté Annabelle de BDS Marseille. "Ils sont un peu moins virulents", avoue-t-elle.  "Mais le message est le même", précise-t-elle dans la foulée. 


 


Pour Imen Habib, ces procès ont eu surtout pour effet de "scandaliser bien au-delà du réseau militant". "Plus ils cherchent à nous censurer, plus nous avons des soutiens", commente Imen Habib. 

 

De plus en plus de citoyens lambda qui soutiennent donc, mais les organisateurs de BDS avouent avoir encore du mal à convaincre des "gens connus" à rejoindre le mouvement. "C'est vrai et c'est dommage", reconnaît Jean-Guy Graiselmer, un des cadres de BDS de France. "Nous connaissons l'importance d'ouvrir la campagne BDS hors des réseaux militants. Le week-end marseillais nous a définitivement convaincu de lancer un appel aux personnalités françaises pour qu'elles nous rejoignent", commente Jean-Guy.


 


"Il suffit que quelques-uns signent pour que d'autres les rejoignent", avance de son côté Annabelle. "Dans les pays anglosaxons, il y a moins de frilosité à soutenir BDS. Et puis, là-bas, quand ils prennent partie, ils sont moins stigmatisés qu'en France", observe la militante. "Les camarades anglais ont eu un peu de mal au début à convaincre Ken Loach. Aujourd’hui, le réalisateur est à fond dans la campagne", pointe encore Annabelle.


 


Aux États-Unis, des acteurs comme Dany Glover n'hésitent pas à afficher publiquement leur soutien à BDS. En France, il n'y a personne… Les hommes politiques, même ceux issus des partis de gauche, ont également encore du mal à franchir le pas. "Il y a une distorsion entre les partis politiques et l'opinion publique, qui dans sa grande majorité, éprouve une forte empathie pour le peuple palestinien", note Jean-Guy Graiselmer.


 


"Certains n'osent pas nous rejoindre à cause du chantage à l’antisémitisme constamment utilisé par les défenseurs de l'état d'Israël : vous êtes pour le boycott donc vous êtes antisémite, scandent-ils. Ce qui est, bien entendu, ridicule. Nous n'attaquons pas (et nous le ferons jamais) les juifs. Nous dénonçons juste la politique israélienne", continue le militant. "C'est souvent leur seul argument! Mais leur chantage à l'antisémitisme marche de moins en moins", affirme Jean-Guy Graiselmer. 


 


 


Le week-end marseillais a également permis de tirer un bilan


 


Olivier Schutz : "Les 10 ans de BDS ont mis en lumière la colonisation. Et ce sont les Israéliens qui le disent". Il a permis aussi de rappeler quels sont les objectifs du mouvement. "BDS ne se contente pas de boycotter les sociétés israéliennes ou les institutions gouvernementales. Il se mobilise contre le Mur, la colonisation et demande la fin de l'occupation militaire, l'égalité de droit pour les citoyens d'Israël  et le retour de réfugiés", précise Jean-Guy.  




2015 a été une bonne année pour BDS. La campagne a connu des succès importants tant sur les plans culturel, universitaire qu’économique. "Les victoires contre Orange qui a annoncé la rupture du contrat qui le liait à la société de téléphonie israélienne Partner Communication, celle contre Sodastream qui a vu son partenariat avec le festival de BD d’Angoulême annulé, ou encore celle contre Véolia qui a retiré ses derniers d’investissements d’Israël en 2015, marquent un tournant dans la campagne : désormais les investisseurs qui voudraient profiter de l’apartheid israélien et de la colonisation de la Palestine savent qu’ils s’exposent à des campagnes longues et acharnées", confirme Imen Habib.  



Les organisateurs ont également annoncé lors de cette rencontre marseillaise le prochain "combat de BDS. "Nous avons décidé de participer activement à l’embargo international contre l’industrie d’armement et de sécurité israélienne. Une nouvelle campagne sera lancée cette année contre la société d’assurance et de banque française AXA dont une filiale financière participe au capital d’Elbit Systems, une société israélienne qui a utilisé du phosphore blanc sur la population de Gaza", pointe Imen Habib.  


 


 


Le week-end phocéen s'est terminé avec la promesse de se revoir l'année prochaine 


 


"Sans doute début 2017", lance Imen Habib. "Plus que jamais, nous sommes déterminés à intensifier la campagne BDS pour contribuer à mettre fin à l’apartheid israélien et pour la libération du peuple palestinien", conclut optimiste de son côté Olivier Schutz.


 


Nadir Dendoune