Les discours sur l’immigration du gouvernement Macron peinent à convaincre
Le discours sur le plan immigration du gouvernement, prononcé jeudi dernier (27 juillet) par Emmanuel Macron, n'a vraisemblablement pas convaincu les organisations et les acteurs associatifs. Ces derniers déplorent le manque de concertation de ceux qui travaillent sur le terrain et annoncent l'organisation d'une conférence nationale citoyenne sur l’accueil et les droits des personnes migrantes en France d'ici la fin de l'année.
Peu de dialogue
En juin dernier, 470 associations et organisations lançaient un « Appel à un changement radical de politique migratoire en France » à l'adresse du gouvernement.
Parmi les revendications, il était demandé de mettre fin aux « aux violences policières à l’encontre des personnes exilées ainsi qu’à l’intimidation de citoyen-ne-s et associations désigné-e-s comme coupables de « délit de solidarité » ».
Un mois plus tard, que ce soit par le Premier ministre ou par le président lui-même, les contours du « plan migrants » annoncé sont loin de satisfaire les organisations de soutien de migrants et de défense des droits de l'Homme.
C'est pourquoi, près de 260 organisations prévoient la tenue d'une conférence nationale citoyenne sur l’accueil et les droits des personnes migrantes en France. Le but étant d'inclure dans la réflexion d'un « plan migrants », la société civile et acteurs de terrain :
« Face à cette situation, des dizaines de milliers de personnes solidaires et des centaines d’associations œuvrent au quotidien et pourvoient au plus urgent (…) ces personnes et associations voient leur action entravée, quand elles ne sont pas traitées comme des délinquantes et poursuivies pénalement ».
Les avantages d'une concertation
Si l'appel du mois de juin a été ignoré par le gouvernement, le collectif d'associations signataires ne manque pas d'arguments pour la tenue d'une concertation autour de la politique d'immigration de la France :
« Des espaces de débat public ont été ouverts sur d’autres thématiques dans le passé, comme le Grenelle de l’environnement ou les conférences sociales. Nous ne les idéalisons pas, mais nous savons d’expérience que cela a permis aux responsables politiques de s’appuyer sur l’expertise des acteurs de la société civile, des collectivités locales, des chercheur-se-s, pour déboucher sur des propositions d’action nourries de cette concertation ».
Là est tout l'enjeu, faire entendre les voix des acteurs au contact des migrants tous les jours pour une meilleure prise en compte des besoins. Or les associations de soutien des migrants dénoncent le fait que ce nouveau plan soit dans la continuité des politiques proposées jusqu'à présent :
« Non seulement il ne rompt avec aucune des précédentes politiques migratoires, mais il nous enferme encore davantage dans une approche sécuritaire, opposant réfugié-e-s et migrant-e-s, en particulier ceux et celles qualifié-e-s d’« économiques » ».
La vigilance des organisations, par rapport aux orientations de la politique migratoire de la France, est très forte. Reste à savoir si le gouvernement Macron ignorera encore longtemps les voix des acteurs de terrain, au risque de voir descendre une partie de la population dans la rue.
CH. Célinain