Les chibanis demeurent les grands oubliés de l’histoire française

 Les chibanis demeurent les grands oubliés de l’histoire française

A gauche


Donner une visibilité des droits et une place dans l'histoire nationale française, à ces migrants âgés qui ont construit la nation. Tel sera le but de la rencontre « Migrant-e-s âgé-e-s, les oublié-e-s de l'histoire » du samedi 7 octobre. Interpeller le gouvernement sur le cas de ces migrants qui vieillissent dans la plus grande indifférence. Lors du précédent quinquennat, des initiatives ont été activées; reste à savoir si le nouveau gouvernement suivra la même voie.


« Dépaysés »


La rencontre qui aura lieu samedi, s'articulera autour du documentaire « Dépaysés » réalisé par l'Amatrami (Association Meusienne d'Accompagnement des Trajets de vie des Migrants).  Un film aux témoignages forts, sans misérabilisme, sur la situations des migrants âgés. Outre la projection du film, des tables rondes permettront d'aller plus loin dans la réflexion, avec des témoignages de chibanis, des historiens, des acteurs associatifs…


Visibles ?


Rendre visibles ceux dont la France semble détourner le regard, une nécessité selon Fernanda Maruccheli, coordinatrice de la FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s) : « Beaucoup vivent dans la précarité. D'autant plus que certains ont eu des parcours professionnels segmentés et aujourd'hui, ils ne peuvent pas prétendre à la retraite contributive ».


Ces derniers perçoivent des retraites de solidarité nationale mais, sous la surveillance étroite d'une administration suspicieuse, ne peuvent séjourner dans leur pays d'origine plus de six mois par an. Un système biaisé selon la membre de la FASTI : « L'Etat organise un système pour enlever, à ces personnes, toute la légitimé qu'ils ont à vieillir ici tout en ayant des liens avec leur pays d'origine ».


Une mission et plus rien


« L'Etat doit montrer que ces personnes font partie de l'Histoire du pays. L'histoire des luttes menées, parfois gagnées, parfois pas, les luttes dans les usines, dans les foyers de travailleurs immigrés dans les années 70 » explique les organisateurs de la rencontre.


En 2013, le gouvernement lançait la Mission « Les immigrés Agés », 82 préconisations couvrant les droits sociaux, la santé et le logement afin d'avoir droit à une vieillesse digne comme toutes personnes âgées résidant en France. « Nous avons été critiques mais un pas avait été fait et nous avions fortement demandé que les personnes âgées migrantes aient toute leur place dans la société. Et qu'on en finisse avec les humiliations qu'ils subissent constamment » selon Fernanda Marucchelli.


Le nouveau gouvernement continuera-t-il dans le sens d'une place légitime pour les chibanis, et autres migrant-e-s, âgé-e-s, dans la société française ? Ce qui est sûr, c'est que cette reconnaissance passera par imposer cette question dans le débat public.


CH. Célinain


Rencontre « Migrant-e-s, âgé-e-s… », samedi 7 octobre, à partir de 9h30, au Carré Baudouin (Paris 20e)