Les associations indignées par le traitement des résidents des foyers
Même avec une vie perdue lors d'un incendie à Boulogne (décembre 2016), la problématique des foyers de travailleurs immigrés ne semble pas faire partie des priorités des pouvoirs publics. Vendredi dernier (24 février), les associations de soutien aux résidents des foyers manifestaient pour qu'enfin toute la lumière soit faite sur les origines de l'incendie de Boulogne, mais aussi, et surtout, pour que les foyers restent des lieux de vie et ne deviennent pas uniquement des dortoirs.
Soutenir
« Continuer de soutenir le foyer Boulogne, victime d'un incendie criminel non résolu, qui a quand même causé un mort et des blessés graves… » explique le Collectif pour l'avenir des foyers (COPAF). Outre le fait que cette enquête concernant l'incendie de Boulogne n'avance pas très vite, d'autres foyers ont été touchés par des fermetures des lieux de vie : « Il y a eu des grèves dans les foyers car des cuisines collectives ont été fermées brutalement, sans concertation. Des cuisines, des salles de prière… et ce dans divers foyers : Reuilly-Diderot, porte de Clichy et Riquet… ». Autant d'éléments qui laissent penser que fournir des bonnes conditions de vie dans les foyers, n'est pas la priorité des gestionnaires et autres pouvoirs publics. Ainsi, la manifestation de vendredi soir (24 février) a fait un petit détour pour passer devant le siège de Coallia, un des gestionnaires de foyers, visé par les critiques…
Lieu de vie
« A l'heure où tout le monde essaie de mutualiser, de faire du participatif, les gestionnaires et les pouvoirs publics disent aux résidents, pour la plupart maghrébins et africains subsahariens, qu'ils doivent vivre dans quelques mètres carrés, dans des petits espaces et doivent le rester toute leur vie. C'est inacceptable pour des gens qui sont isolés de leur famille et qui sortent peu à cause des horaires de travail (…) Le foyer est lieu de vie pour eux et nous voulons le garder ainsi » explique la COPAF.
Sans cuisines collectives, sans salles de prière, ni salles de repos, il sera difficile de distinguer un foyer d'un simple dortoir, équipé du minimum vital. Des conditions de vie qui pourraient même conduire à un désamour de la culture française selon le collectif : « Nous avons déjà entendu des résidents dire : "Mais on va devenir fou !". Les plus anciens sont plutôt francophiles, mais si ça continue comme ça, ça ne va peut-être pas durer ».
Les associations ont donc insisté sur le fait de ne pas stigmatiser les foyers et les protéger. Mais aussi mettre les gestionnaires face à la réalité de leurs actes de ces foyers, des actes pas toujours compréhensibles pour les associations, enfin presque : « A part la logique financière et technocratique, nous ne voyons pas… ».
CH. Célinain