Législatives : Douche froide sur les ambitions du Front national

 Législatives : Douche froide sur les ambitions du Front national

Le Front national recul nettement par rapport au 2e tour de la présidentielle et doit revoir à la baisse ses ambitions dans la future assemblée nationale. Martin Bureau/AFP


Le Front national a subi dimanche un important revers après une difficile campagne législative, avec un très net reflux en voix par rapport à la présidentielle qui risque de les priver de groupe à l’Assemblée. Marine Le Pen, arrivée largement en tête dans sa circonscription, est la seule à surnager dans la débâcle.


 


Douche froide


Le parti d’extrême droite recule traditionnellement entre le premier tour de l’élection présidentielle et celui des législatives. Mais cette année, ce recul est plus important que jamais : le FN passe de 21,3 % à environ 13,2 %. Cela donne une déperdition de quatre millions de voix, passant de 7,7 à environ 3,2. Son score est même inférieur à celui de 2012 (13,6 %).


Obtenir un groupe parlementaire, ce qui a longtemps constitué un objectif minimum pour les frontistes, paraît désormais difficile à atteindre, d’autant que la forte abstention devrait réduire fortement le nombre de triangulaires, qui avaient permis au FN de remporter ses deux circonscriptions en 2012 (Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse, Gilbert Collard dans le Gard).


Plusieurs figures frontistes ont été éliminées dès le premier tour, tel Nicolas Bay, patron de la campagne FN pour les législatives, en Seine-Maritime ou Jean-Lin Lacapelle, secrétaire général adjoint du parti, dans une circonscription pourtant très favorable des Bouches-du-Rhône. Rare éclaircie, Marine Le Pen, candidate dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où se trouve la mairie FN d’Hénin-Beaumont, paraît en position très favorable, avec environ 45 % des voix au premier tour.


Les frontistes avaient néanmoins surligné 45 circonscriptions « gagnables », où Marine Le Pen a dépassé 50 % au second tour de la présidentielle, dont 13 où elle dépasse les 55 %. Mais selon les instituts dimanche, le FN ne pourrait obtenir au final qu’un à dix sièges.


 


Dissensions internes


Mme Le Pen a appelé ses partisans à la mobilisation, tablant sur des « réserves de voix considérables » pour l’emporter dans « plusieurs circonscriptions ». Ses lieutenants ont eux parfois été moins enthousiastes, tel Florian Philippot, vice-président du parti, reconnaissant une « déception ».


Pour le FN, plusieurs conséquences sont à envisager pour ce revers. La subvention publique, largement basée sur le nombre de suffrages obtenus lors du premier tour des législatives, ne devrait guère évoluer par rapport à 2012, alors que le parti dit régulièrement manquer d’argent pour fonctionner correctement.


Surtout, ce score devrait rendre plus vif encore le débat interne sur la « refondation » du FN qui s’est ouvert depuis le second tour de la présidentielle, alimenté par le retrait temporaire de Marion Maréchal-Le Pen de la politique, l’échec de l’alliance avec Nicolas Dupont-Aignan et les menaces de Florian Philippot de quitter le parti si celui-ci renonçait à vouloir sortir de l’euro. « Il y aura du sang sur les murs au Congrès », prévu pour fin 2017 début 2018, pronostique un conseiller régional FN interrogé par l’AFP.


Rached Cherif


(Avec AFP)