Le Think Tank « Fière France » appelle à défendre la laïcité… et les racines chrétiennes
C’est par la publication d’une tribune sur « Qu'est-ce que l'identité française ? » que c’est achevé le colloque du think tank « Fière France », qui a notamment vu Nicolas Sarkozy proposer un nouveau pacte d’assimilation. Le ton du texte final se veut moins agressif que l’intervention de l’ancien président ; il n’en reste pas moins une apologie de l’identité française, sans pour autant arriver à la définir avec précision.
L’identité : image figée ou processus évolutif ?
« La France est mise à mal. Elle s'interroge sur elle-même. Elle ne cesse de questionner son identité », admettent les auteurs du texte. Mais, le terrorisme et les difficultés économiques « exigent le rassemblement autour de la fierté d'être français », écrivent-ils.
Mais alors, qu’est-ce qu’être Français ? La tribune ne le dit pas vraiment, mais appelle en revanche ceux qui le sont à en être fiers. Fiers des épreuves traversées par la communauté nationale et plus généralement de ses héros et de son histoire. Ainsi donc, l’identité française s’appréhenderait comme un tableau à jamais figé dans le temps qui dresserait les contours de l’héritage à endosser pour en faire partie.
Cette vision qui n’accorde pas de place à « l’autre » est celle de l’extrême droite et d’une part grandissante de la droite. Celle que devrait véhiculer l’école de la République aux jeunes générations. Or, celle-ci a échoué selon les auteurs de la tribune qui en apportent pour preuve les attentats commis par des Français qui « ont perdu foi en la République, boudé ses valeurs et se sont repliés sur eux-mêmes en conduisant à plus de communautarisme. »
La laïcité… fidèle aux racines chrétiennes
Les gouvernements successifs n’auraient donc pas réussi à « montrer que chacun peut s'approprier la France et son identité pour faire partie de la grandeur de ce pays ». Mais, nulle mention de ce que tout un chacun peut apporter à la France, alors même que la population française est l’une des plus – sinon la plus – métissées d’Europe. Un métissage historique subi en raison de sa situation sur la route de nombreuses vagues de peuplement et de migration et un métissage plus contemporain dû à son expansion coloniale et à son rayonnement culturel. Il faudrait néanmoins « inculquer à nos enfants la fierté d'être français » dans un souci de « renouvellement du sentiment patriotique ».
Dans ce contexte, les signataires appellent également à défendre la laïcité « mise à mal » et voient dans ceux qui remettent en cause la vision française de ce concept « des ennemis de la République ». Une position qui peut faire craindre un entêtement dans la dérive xénophobe actuelle de cette même droite prête à user du principe de laïcité pour exclure plutôt que pour inclure. D’ailleurs, s’ils concèdent que la « la religion doit cesser de diviser », les auteurs de la tribune s’empressent de rappeler leur attachement aux « racines chrétiennes de la France ».
Rached Cherif