Le soutien de Boubekeur à Estrosi provoque la colère des Algériens de France

 Le soutien de Boubekeur à Estrosi provoque la colère des Algériens de France

Dalil Boubekeur


 


La grogne ne cesse d’enfler. Et elle devrait s’intensifier dans les prochains jours. A tout juste un mois des régionales, le ralliement de Dalil Boubekeur, recteur de la grande mosquée de Paris à Christian Estrosi, maire de Nice et candidat Les Républicains en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), n'en finit pas de provoquer des remous au sein de la communauté algérienne de France. 


 


Interrogé par l’AFP, Dalil Boubakeur a assumé. Il met en avant sa « liberté d’opinion », celle d’un « homme averti et d’un Niçois qui voit les projets que M. Estrosi a donnés à la communauté musulmane de Nice ». « Il a fait ériger cinq mosquées à Nice alors qu’il n’y en avait pas du tout », a-t-il fait valoir. Une nouvelle qui a généré de nombreuses indignations sur les réseaux sociaux. 



Une des quatre députées de la communauté algérienne établie en France, Chafia Mentalecheta a été une des premières à s’insurger contre ce ralliement. Ce mercredi soir, lors d'une cérémonie à Paris commémorant le 1er novembre 1954 (déclenchement de la guerre d’Algérie), un vif échange a éclaté entre elle et le recteur.


Jointe au téléphone, Chafia Mentalecheta raconte : « Après l’avoir salué, je lui ai dit qu’il ne faisait pas honneur aux Algériens en apportant son soutien à Estrosi ». La députée s’attend à tout sauf à cette réponse. « Il m’a littéralement insultée », dit-elle, toujours choquée par les propos de Boubekeur. Des paroles lâchées en présence de plusieurs personnes qui "n'en reviennent toujours pas que quelqu'un de son rang puisse parler ainsi".


Du coup, le ralliement du recteur pour le candidat Estrosi ne nous surprend qu’à moitié ! En effet,  Christian Estrosi est un adepte des déclarations à l'emporte-pièce. En voici quelques-unes. Le 20 octobre 2012, devant 300 anciens combattants et harkis, il finit son discours avec un « Vive l’Algérie Française » !, teinté de nostalgie.


Sur Europe1 en 2010,  l’ancien ministre de l’Industrie, en pleine réflexion sur la destitution de la nationalité française et sur de possibles peines de prison qu'on pourrait infliger aux parents de mineurs délinquants, il lâche « Français ou voyou, il faut choisir ». Sur France 3, en avril dernier, Estrosi évoque même la présence d’une « cinquième colonne islamiste » en France


« La liberté d’opinion du citoyen niçois Dalil Boubekeur s’arrête aux portes de la grande mosquée de Paris », rappelle Chafia Mentalecheta dans un communiqué diffusé ce samedi 6 novembre. 


« D’une part, parce que cette institution est financée annuellement à hauteur d’un million deux cent mille euros par l’Etat algérien en sus de la prise en charge financière de 120 imams et qu’à ce titre, le recteur de la grande mosquée de Paris a un devoir de réserve et ne doit donc pas engager la responsabilité de notre pays dans les affaires intérieures françaises. D’autre part, parce que la haute fonction de monsieur Boubekeur au sein de la grande mosquée de Paris peut laisser croire que son soutien personnel serait en réalité le fruit d’une expression collective et représentative des musulmans en France », continue la députée.


Cette dernière demande donc à « monsieur Boubekeur de déclarer publiquement que son soutien à monsieur Estrosi est strictement personnel, qu’il n’engage ni l’Algérie, ni les Algériens et encore moins les musulmans vivant en France ».


Dalil Boubekeur n’a toujours pas réagi au communiqué de la députée …


Nadir Dendoune