Le nombre d’actes racistes a baissé en 2016, mais les musulmans et les Roms restent les groupes les moins tolérés

 Le nombre d’actes racistes a baissé en 2016, mais les musulmans et les Roms restent les groupes les moins tolérés

La baisse importante du nombre d’actes antimusulmans en 2016 est à mettre en perspective avec la forte poussée de l’islamophobie en 2015 dans la foulée des attentats qui ont frappé la France.


Le nombre d'actes racistes et antisémites a diminué en 2016, et la tolérance a progressé dans l'opinion, « malgré un contexte d'apparence propice au rejet de l'autre » notamment marqué par le terrorisme et l'arrivée de réfugiés, selon un rapport de la CNCDH présenté jeudi.


En moyenne, les policiers et gendarmes enregistrent, chaque mois, près de 800 plaintes portant sur des infractions commises « en raison de la race, de l'origine, de l'ethnie ou de la religion ». Les données du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMI) « marquent une baisse significative pour l'année 2016 ». Pour établir cet état des lieux annuel, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNDH) s'appuie sur les chiffres des ministères de l'Intérieur et de la Justice et élabore son propre baromètre sur l'état de l'opinion.


Dans le détail, les actes antimusulmans ont diminué de 57,6 % en 2016 (182 actes) par rapport à 2015, « évolution qui doit être mise en perspective avec le niveau particulièrement élevé d'actes recensés en 2015 » à la suite des attentats de janvier et novembre. Les actes antisémites ont reculé de 58,5 % en 2016 (335 actes contre 808 en 2015), une baisse « notamment due aux dispositifs de protection mis en place par les pouvoirs publics dans le cadre du plan Vigipirate ».


Cependant, « en matière de chiffres, on ne mesure que l'écume des choses », admet la présidente de la CNCDH, Christine Lazerges. « On estime que seuls 6 % des injures racistes seraient signalés aux autorités et 3 % seulement seraient enregistrés au titre de plaintes. Pour les menaces racistes, un tiers des faits seraient signalés et 19 % seulement seraient enregistrés au titre de plaintes », indique le rapport.


 


Les Roms et les musulmans sont les groupes les moins tolérés


Depuis 2014, la tolérance, évaluée via un « indice longitudinal de tolérance » étudié par une équipe de chercheurs, est en hausse. « Les juifs, les noirs et les Asiatiques restent les minorités les mieux acceptées, les musulmans les moins acceptés, à l'exception des Roms et des gens du voyage, de très loin les plus rejetés », compare la CNCDH. Même s’ils reculent, « les préjugés et attitudes racistes sont toutefois loin d'avoir disparu » puisque près d'une personne interrogée sur deux est ainsi prête à admettre une part de racisme en elle-même, indique le rapport.


Parmi ses recommandations, la Commission insiste sur la nécessité de comptabiliser les contrôles d'identité et de développer les enquêtes de victimation – les faits de délinquance dont une personne se dit victime – « pour savoir vraiment ce qu'il se passe » et de former et d'éduquer les enfants « dès la maternelle », explique Christine Lazerges. « Il faut aussi lutter contre toute concurrence victimaire: il faut que les pouvoirs publics condamnent de la même façon l'antisémitisme, l'islamophobie, le sexisme, l'homophobie », ajoute-t-elle.


Rached Cherif


(Avec AFP)