Le maire FN de Béziers admet ficher les enfants musulmans dans les écoles municipales

 Le maire FN de Béziers admet ficher les enfants musulmans dans les écoles municipales

Une enquête préliminaire a été ouverte après les propos de Robert Ménard sur les statistiques concernant les enfants de confession musulmane scolarisés dans sa ville. Pascal Guyot / AFP


La dernière sortie du maire de Béziers va faire couler beaucoup d’encre. Robert Ménard, élu avec le soutien du Front national, a admis avoir établi un fichage des enfants « musulmans » scolarisés dans les écoles de sa ville. Une pratique interdite qu’il assume. Une enquête préliminaire a été ouverte mardi.


 


« Je sais que je n'ai pas le droit, mais on le fait »


Le maire de Béziers est un habitué des polémiques, mais celle-ci pourrait lui valoir quelques soucis. Invité sur le plateau de « Mots croisés » sur France 2 lundi soir, Robert Ménard voulait illustrer ses propos habituels sur les problèmes posés par l’immigration en indiquant qu’il y avait « 64,6 % d'enfants de confession musulmane » dans les écoles primaires et maternelles de Béziers.


Devant l’étonnement de la journaliste Anne-Sophie Lapix et des autres invités de l’émission, il a admis que sa mairie fichait les enfants par confessions. « Ce sont les chiffres de ma mairie. Pardon de vous dire que le maire a les noms, classe par classe, des enfants. Je sais que je n'ai pas le droit, mais on le fait », a expliqué Robert Ménard. « Les prénoms disent les confessions. Dire l'inverse, c'est nier une évidence », a-t-il insisté.


 


Une pratique illégale


Les autres invités, dont l’ancienne ministre Rama Yade, se sont offusqués. Mais, l’émission se terminant, le débat n’a pas pu se prolonger, laissant libre cours à la polémique sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le député socialiste de l'Hérault, Sebastien Denaja, a ainsi appelé le procureur de Béziers à « ouvrir une enquête après les déclarations de Robert Ménard ».


En effet, la loi du 6 janvier 1978 interdit explicitement le traitement de « données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les options philosophiques, politiques ou religieuses, ou l'appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci ».


 


« Honte au maire de Béziers »


Les déclarations du maire apparenté FN ne sont en tout cas pas passées inaperçues. Dans la journée de mardi, le procureur de la République a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire après avoir été saisi par le rectorat de Montpellier à la demande du ministère de l'Éducation nationale. Le fichage est « illégal » et « antirépublicain », a dans le même temps dénoncé la ministre Najat Vallaud-Belkacem. « Honte au Maire de Béziers. La République ne fait AUCUNE distinction parmi ses enfants », a renchéri le premier ministre Manuel Valls.


Mardi matin, Robert Ménard a pourtant tenté de se justifier : « On n'établit aucune liste, on essaye de savoir ce qu’il en est. Je vous dis que les deux tiers des enfants qui fréquentent les écoles publiques en maternelle et en primaire (…) sont des enfants qui sont de l’immigration. C’est trop ». « La mairie de Béziers ne constitue pas et n'a jamais constitué de fichiers des enfants », assure-t-elle dans un communiqué. 


Robert Ménard n’en est pas à sa première polémique. Peu après son élection en 2014, il avait pris une série de mesures qui avaient fait des remous, telles que l’instauration d’un couvre-feu pour les moins de 13 ans, l’interdiction d’étendre son linge aux fenêtres ou encore le lancement d’une campagne d’affichage mettant en avant le nouvel armement de la police municipale.


Rached Cherif


(Avec AFP)