Le maire de Lorette (42) interdit l’accès au parc de loisirs aux femmes voilées

 Le maire de Lorette (42) interdit l’accès au parc de loisirs aux femmes voilées


C'est Hamza, militant associatif qui a lancé l'alerte. "C'est en allant sur le règlement intérieur que je me suis rendu compte que l'accès au Parc de loisirs était interdit aux femmes qui portent le voile", raconte ce jeune homme de 28 ans, qui ne décolère toujours pas. Dans un arrêté municipal, Gérard Tardy, le maire de Lorette (42) petite commune de 5000 habitants, située dans le département de La Loire, à dix minutes de Saint-Étienne, interdit le port du burkini, mais aussi le port du voile aux abords et dans le bassin de baignade du Parc de loisirs des Blondières. 


La base de loisirs a été inaugurée vendredi 23 juin. "Comme c'était le ramadan, les musulmans de la région ne sont pas encore allés se baigner", explique Hamza. "Nous en avons assez des provocations du maire qui ne cessent d'alimenter la haine entre les différentes communautés", continue-t-il. 


"On ne veut pas de tenues agressives et provocatrices", a répondu de son côté le maire à nos confrères du Progrès, assumant totalement sa décision.  

"Son arrêté est interdit par la loi", tient à nous informer un avocat, spécialiste de ce genre d'affaires. "Contrairement au voile intégral, aucune loi n'interdit le port du burkini, encore moins le port du simple voile sur la tête", embraie ce dernier. "A chaque été, ça recommence", se lamente l'avocat. 


Ce n'est pas la première fois que Gérard Tardy, maire divers droite, proche du mouvement Debout la France de Nicolas Dupont Aignant (ce dernier avait rejoint Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle) se fait remarquer. 


En 2003, il s'en était pris à l'arrêt des financements d'un centre-social de sa ville, justifiant sa décision en déclarant que "sur un total de 37 participants, 5 enfants sont de souche latine et 32 sont de souche musulmane. Ce centre creuse le fossé dans le seuil de tolérance inter-ethnie."  


L'année dernière, en 2016, quelques heures avant le début du ramadan, Gérard Tardy n'avait rien trouvé de mieux à faire que d'afficher des messages sur les panneaux publicitaires de sa ville, invitant les musulmans à la plus grande discrétion. "Le ramadan doit se faire sans bruit", ou encore "La République doit se vivre à visage découvert", pouvait-on alors lire. 


"Nous avons déjà alerté le préfet et deux associations locales vont déposer un référé devant le procureur de la République", informe Hamza qui suit cette affaire de très près. 


En juillet 2014, deux femmes portant le voile avaient été refoulées à l'entrée de la plage de Wissous (91) par le maire en personne. L'élu avait brandi le règlement intérieur expliquant qu'il s'agissait d'un établissement recevant du public (ERP), mais  le tribunal administratif de Versailles (Yvelines) lui avait donné tort, estimant  que "le port de signes religieux n'est pas, par principe, incompatible avec les principes de laïcité ou de neutralité du service public invoqués" . Affaire à suivre…


Nadir Dendoune