Le magazine Marianne accuse Beur Fm d’être les « complices de l’islamisme »
A ceux qui doutaient encore du deux poids deux mesures en terme de liberté d’expression, le magazine Marianne vient de nous prouver encore une fois que ce droit là n'était réservé qu’à une certaine partie de la population. Et surtout pas aux « métèques » et autres « fromages qui puent » qui pensent différemment ! « Je suis Charlie », que si ça va dans « leur » sens !
Dans un dossier publié ce jeudi 21 mai, l’hebdomadaire créé par Jean-François Kahn (une référence !, celui qui avait parlé d’un « troussage de domestique », dans l’affaire DSK!), accuse les Zinformés, une émission de débat diffusée chaque soir sur les ondes de Beur FM, d’être des « complices de l’islamisme ».
Le présentateur Abdelkrim Branine hésite entre fou rire, indignation et colère. « Ceux qui connaissent la radio savent que c'est délirant. Ce sont des accusations très graves, surtout au regard du contexte dans lequel cela intervient. On est dans la foulée des attentats de janvier et le lien est immédiatement suggéré ».
En y regardant d’un peu plus près, on n’est pas très étonné par cet article à charge, où l’auteur, un certain Vladimir De Gmeline, un ancien journaliste de Valeurs Actuelles (l’hebdomadaire, connu pour ses "unes" racistes), sort de son contexte quelques propos tenus par des débatteurs. Il cite par exemple Salem Aïdoudi, élu UDI à Livry-Gargan, qui aurait comparé sur le jeudi 2 avril dernier Charlie Hebdo à « des rats d’égouts ».
« La discussion portait sur le magot amassé par Charlie Hebdo après les attentats et sur la bagarre un peu indécente entre les gens du journal. Salem Aïdoudi les qualifie alors de "rats". C'est sûr que je n'aurais pas choisi cette expression, qui peut paraître caricaturale ou déplacée. Mais, à ce moment-là, Salem est dans l'émotion, au bord des larmes. Il a géré le deuil des proches du policier Ahmed Merabet à Livry-Gargan et il est écœuré parce que la famille de ce policier, mort pour protéger Charlie Hebdo, n'a reçu ni bouquet de fleurs ni coup de fil de la part des membres du journal. », rectifie Abdelkrim Branine.
Autre grief reproché aux débatteurs des Zinformés, la comparaison faite entre les Français partis faire le jihad en Syrie et ceux partis combattre avec l'armée israélienne. « Il est vrai que des invités ont fait plusieurs fois le lien entre ces deux "jihads", entre les jihadistes partis en Syrie et les Franco-Israéliens partis à Gaza pour massacrer des enfants avant de revenir tranquillement et s'en vanter sur les réseaux sociaux », confirme Branine.
« Je ne dis pas que je défends cette position, mais on est une émission de débats avec une liberté de ton totale et des invités aux convictions très différentes », précise l'animateur de l'émission. « Cela va de la droite souverainiste à la gauche radicale. Ma seule exigence, c’est d'inviter des gens avec qui on peut construire un débat. C'est pour cela que je n'invite pas des partisans de Dieudonné ou d'Alain Soral dont le seul propos se résume à insulter et à exclure une partie de la population, notamment la communauté juive. », rappelle Abdelkrim Branine.
Pour lui, « Marianne fait une fixette sur le communautarisme depuis longtemps ». « Ils sont en quelque sorte des extrémistes de la laïcité. A la base, ils se réclament de gauche, mais, aujourd'hui, quand on voit qu'ils ont des journalistes qui travaillent aussi à Valeurs actuelles comme l'auteur de l'article, on se dit qu'ils ont opéré un rapprochement avec les identitaires, avec une partie de l'extrême droite. Ils veulent bien de la liberté d’expression, mais seulement pour eux ».
Pour pas changer, Marianne a reçu le soutien de quelques personnalités, toujours promptes à défendre leur conception de la liberté d'expression. Comme Frédéric Haziza, journaliste à LCP et connu pour dresser des listes noires d'invités et Sophia Aram. Dans un tweet, l’humoriste, remercie Marianne : « il était temps de tirer la chasse », a écrit cette dernière.
Pour finir, si on voulait être méchant et un peu narquois, mais c’est pas le genre de la maison !, on rappellerait qu'un ami (très) proche de Joseph Macé Scaron, directeur de la rédaction de Marianne, fut en son temps, lui aussi, membre de l’équipe des Zinformés…. Et s’il s’agissait ici que d’une simple vengeance ?
Nadir Dendoune