Le gouvernement donne la priorité à l’immigration, sur le terrain les migrants survivent

 Le gouvernement donne la priorité à l’immigration, sur le terrain les migrants survivent

Un migrant arrêté par la police devant la bibliothèque Vaclav Havel


Mardi dernier (4 juillet), dans son discours de politique générale, le Premier ministre Edouard Philippe réaffirmait la volonté du gouvernement de faire du thème de l'immigration une priorité. Loin des fastes de l'Assemblée nationale, à Bagnolet (93), un groupe comptant environ 200 migrants, se retrouve à dormir à la rue après maintes expulsions de différents « squats ». Persécutés par la police, ils se voient interdire le droit d'avoir des matelas ou des tentes…


Dormir à même le sol


« Accueillir oui, bien sûr. Aider, oui, évidemment. Subir, non, jamais », voici ce que déclarait Edouard Philippe, mardi dernier à l'Assemblée nationale. Sur le terrain, la vérité est toute autre. Accueilli, ce groupe de migrants Baras ne l'a jamais vraiment été depuis son arrivée en 2012.


Ayant occupé différents squats à Montreuil, aux Lilas et à Bagnolet, ces migrants ont surtout été plusieurs fois expulsés de leur « logement » de fortune.


Depuis leur dernière expulsion, le 29 juin dernier, ils se retrouvent une nouvelle fois à la rue, sous l'échangeur de Gallieni (Bagnolet, 93), et cette fois-ci dans des conditions plus que limites : « Nous dormons sous le pont et la police ne veut pas que nous montions des tentes ou accrochions nos banderoles. Du coup, nous pouvons juste utiliser des couvertures mais pas de matelas, donc nous dormons par terre (…) Des policiers font des tours et s'ils voient que nous montons des tentes, ils viennent et nous disent que la mairie n'a pas donné son autorisation » raconte Amadou Traoré, membre du collectif Baras.


Ils dorment donc à même le sol et sont totalement invisibilisés, par les autorités et la mairie, qui ne les aident pas vraiment : « La mairie nous dit qu'ils ne peuvent rien faire pour nous, parce qu'il y a beaucoup de demandes de logement à Bagnolet, environ 2800 demandes. Et ils ne peuvent pas héberger 200 personnes ».


Expulsions


En plus de ne pas être aidés et d'être laissés à la rue dans des conditions déplorables, deux migrants ont été arrêtés et placés en centre de rétention au Mesnil-Amelot : « Au moment de l'expulsion, la police était là. L'un d'entre nous a voulu retourner là où on vivait pour récupérer des affaires, c'est à ce moment-là que les policiers l'ont amené au commissariat (…) Jusqu'à présent ils sont au CRA. Il y en a un qui est passé en jugement, depuis il attend un avion pour être renvoyé en Italie » explique Amadou Traoré.


C'est donc la double-peine pour ces migrants. Toutefois, tout le groupe est bien décidé à continuer à se battre, comme ils le font depuis maintenant cinq ans, pour obtenir un endroit décent où dormir.


Ainsi, demain (8 juillet), le collectif et ses soutiens organisent une manifestation. Plusieurs haltes sont d'ores et déjà prévues, à savoir devant les mairies des Lilas, de Bagnolet et de Montreuil. Les objectifs sont la libération de leurs camarades retenus en CRA, la fin du harcèlement policier et surtout un toit et des papiers pour tous.


Cependant, malgré les déclaration du Premier ministre sur la priorité donnée à l'immigration, les objectifs de ces migrants Baras risquent d'être compliqués à atteindre…


CH. Célinain