Le festival Cinébanlieue fête ses 10 ans
Parrainé par l'acteur français Réda Kateb, Cinébanlieue fête ses 10 ans. Né un an après les révoltes sociales de 2005, sa dixième édition commence ce soir à 20h à l'écran de Saint-Denis (métro Saint-Denis Basilique), avec la projection du film "A peine j'ouvre les yeux" en présence de sa réalisatrice, la cinéaste tunisienne Leyla Bouzid.
Au programme de cette année (12 au 20 novembre), la diffusion de 10 longs-métrages, 4 avant – premières et 7 courts. Cinébanlieue a 10 ans. Une décennie où les organisateurs de ce festival ont tout fait pour mettre en avant les films qu'on ne voit pas ailleurs. Sa fondatrice Aurélie Cardin, native d'Aubervilliers, nous en dit plus …
LCDL : Comment a démarré l'aventure ?
Aurélie Cardin : En 2003, j'étais étudiante en histoire culturelle à l'université Paris 13. J'ai toujours été fan de cinéma. A la fac, j'ai décidé d'écrire une thèse dont le thème était "la représentation de la banlieue nord de Paris, à travers le cinéma". Un de mes professeurs, voyant que je mettais beaucoup de cœur à l'ouvrage, m'a poussée à créer un festival. Et puis, les révoltes sociales de 2005 ont éclaté … Beaucoup d'entre nous, habitants de banlieue, ne se reconnaissaient pas dans l’image véhiculée dans les médias mais aussi dans le cinéma. Avec ce festival, nous voulions offrir aux spectateurs une autre vision de ce qu'est la banlieue. Pour que le regard porté sur nous change.
Quels ont été les moments forts de Cinébanlieue ?
Pour la première édition en 2006, Medhi Charef est venu nous parler de son chef d'œuvre, "Le thé au harem d’Archimède". Un film sorti en 1985 mais qui est toujours d'actualité. Il nous a aussi raconté son parcours, celui d'un ouvrier qui fait la rencontre d'un grand cinéaste Costa Gavras, et tout s'enchaîne pour lui. C'était important pour nous d'avoir quelqu'un comme Medhi Charef parce que c'est ce genre de réalisateurs, ce genre de films que Cinébanlieue veut mettre en avant. Des films qui restent "à la marge".
Dans la même verve, on a accueilli Rabah Ameur-Zaïmèche, un réalisateur autodidacte, qui nous avait présenté "Wesh Wesh, qu'est-ce qui se passe ?", un film sur la "double peine". Dans la même séance, on avait fait passer "L'amour existe" de Maurice Pialat (NDLR : l'un des plus grands réalisateurs français) pour montrer les similitudes entre les deux cinémas, celui d'Ameur-Zaïmèche et celui de Pialat.
Il y a eu aussi cette formidable soirée en 2010 avec Tony Gatliff, autour de son long métrage tourné dans les années 80, "Les Princes", qui n'a pas pris une ride.
Comment s'organise la sélection des films ?
Nous cherchons essentiellement des films réalisés par des autodidactes. De ces gens qui n'ont pas de réseaux. On va regarder auprès des maisons de quartiers, dans les services jeunesses des villes, au sein des associations indépendantes. Cette année, on a reçu 400 films et on a du garder 11…
Le comité de sélection est composé de 5 personnes. C'est souvent des coups de cœur. Les films doivent être "à la marge", réalisé par des "invisibles", avec un regard nouveau et un geste cinématographique. Et je crois que c'est de là qu’on tire notre légitimité : pour Cinébanlieue la forme compte autant que le fond.
Nadir Dendoune
Le programme complet :http://www.cinebanlieue.org/