Le documentaire « Quand il a fallu partir », ce vendredi 16 octobre sur Arte à 23h45 : à ne rater sous aucun prétexte
Pendant longtemps et pour des tas de raisons, peur de ne pas être à la hauteur, complexés en tout genre, manque de moyens aussi, les habitants des quartiers impopulaires, sauf exception, ont regardé les « autres » raconter leurs propres histoires. Alors forcément, on était souvent déçus. Difficile en effet de faire un film sur la banlieue sans les clichés habituels, surtout quand on l'observe de loin et qu'on débarque de l’autre côté du périphérique comme si on visitait un zoo.
Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah, deux journalistes de 23 ans, tous les deux originaires de La Courneuve (Badroudine a même vécu à Balzac), ont tapé très fort avec leur premier documentaire. « Quand il a fallu partir », est une pure merveille.
Il n'y a rien à jeter dans ce film de 48 minutes qui raconte l'après "Balzac", du nom de cette barre d'immeuble (15 étages, 285 logements), nichée en plein coeur de la cité des 4000, construite en 1966 et qui fut détruite en trois petits mois en 2011.
Une barre « mythique », tristement célèbre quand le 15 juin 2005, Sidi-Ahmed Hammache, jeune garçon de 11 ans, mourait, fauché par une balle qui ne lui était pas destinée et quand l’insultant ministre de l’Intérieur de l’époque Nicolas Sarkozy promettait cinq jours plus tard devant les caméras de télévision, de « nettoyer la cité des 4000 au karcher ».
De cette barre, il ne reste aujourd’hui plus rien : un grand champ aux herbes hautes en lieu et place de Balzac. Medhi et Badroudine sont partis retrouver les anciens habitants, logés aujourd’hui, pas très loin, dans des nouveaux logements. Tous racontent avec nostalgie le bonheur qu’ils ont eu à vivre à la cité des 4000.
Une parole rare, à mille continents de ce qu’on entend habituellement dans les médias. Des témoignages indispensables, car comme le disent si bien les réalisateurs : « S’il faut se souvenir de tes premiers jours, il faut aussi se souvenir de ta fin ». Ce film est une belle trace de ce que Balzac n'est plus….
Nadir Dendoune