Le député des Français du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest claque la porte du PS
Lassé par la politique menée par son propre parti, le député PS frondeur Pouria Amirshahi, annonce dans un entretien au Monde daté de samedi qu'il quitte le Parti socialiste et qu'il ne briguera pas un nouveau mandat en 2017 son mandat. Le député des Français du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest achève ainsi sa rupture avec un gouvernement qu’il qualifie de « néoconservateur ».
Un gouvernement de « néoconservateurs »
Il est l’une des voix les plus critiques vis-à-vis de l'exécutif depuis son élection en 2012 avec 62% des voix des Français de 16 pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest. Avec quelques autres parlementaires socialistes, il fut également à l’origine du mouvement dit des « frondeurs », qui s’est opposé à plusieurs reprises aux orientations prises par le président et le gouvernement.
En cause : « la succession de renoncements (qui) donne le vertige », explique M. Amirshahi qui cite notamment les 40 milliards d’euros offerts « sans condition » aux patrons dans le cadre du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi « CICE ». Le gouvernement a selon lui « légalisé le vol de l’argent public » et fait preuve de « mépris » envers les travailleurs.
« La France n’est pas gouvernée par l’aile droite du PS, mais par des néoconservateurs » avec l’appui de la droite et de l’extrême droite, déplore-t-il en faisant allusion à la déchéance de nationalité, l’état d’urgence, la surenchère pénale et au droit du travail.
L’engagement en dehors de la politique
En conséquence, le désormais ex-socialiste « quitte le PS et le monde des partis en général, rhizomes d’un système institutionnel à bout de souffle ». C’est visiblement amer qu’il claque la porte d’un parti où il est entré il y a plus de 30 ans, mais qu’il trouve aujourd’hui « sans ressorts, sans idées ».
Toutefois, tout en annonçant son retour à la vie professionnelle, il explique ne pas abandonner son engagement. « Il faut poser aujourd’hui les fondements d’un modèle viable et doux. Défendre des causes communes entre citoyens, défendre les biens communs tant négligés, stopper la destruction des espèces vivantes, encourager de nouvelles formes de propriété sociale d'entreprise », dit l’ancien président du syndicat étudiant UNEF.
« Cela se traduit notamment par la mise en valeur de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui luttent ou mènent des expériences qui fonctionnent: c'est la raison d’être du Mouvement commun que j’ai fondé avec d’autres », ajoute le député.
Rached Cherif