Le CFCM met en place un « conseil théologique » pour contrer le discours intégriste
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a annoncé avoir mis en place dimanche un « conseil théologique », chargé d'élaborer un contre-discours pour répondre à la propagande jihadiste qui fleurit notamment sur internet. Les attentats de 2015 et le succès des appels à rejoindre le jihad irako-syrien auprès de centaines de jeunes ont jeté une lumière crue sur la nécessité d'un conseil théologique.
Des « avis » plutôt que des « fatwas »
Le CFCM, instance élue considérée par l'État comme représentative des quelque 2 500 mosquées de France, mais souvent critiquée parmi les 4 à 5 millions de musulmans pour son manque d'actions concrètes, était attendu de longue date sur ce terrain religieux.
« Cette nouvelle instance donne une nouvelle dimension à notre organisation, qui ne se positionne plus uniquement au niveau de l'administration et de la gestion », a dit le président du CFCM, Anouar Kbibech, évoquant un « jour historique ». La réunion fondatrice du « conseil théologique » a eu lieu dimanche à Paris, en présence de « toutes les sensibilités » de l'islam — salafistes exceptés —, a précisé le dirigeant musulman.
Ce conseil comporte 22 membres, dont l'imam de Bordeaux Tareq Oubrou, figure libérale de l'UOIF. Il se réunira deux fois par an, sans compter des réunions extraordinaires sur saisine, et rendra des « avis », Anouar Kbibech s'interdisant d'utiliser le mot « fatwa », qui « a une connotation réductrice ». Ce comité « pourra élaborer un contre-discours basé sur un argumentaire théologique solide, en réponse aux discours véhiculés par certains et qui circulent sur les réseaux sociaux, notamment auprès des jeunes », selon un communiqué du CFCM.
Vers la certification des imams de France
« Sur des notions comme le jihad ou la hijra », l'installation en terre musulmane, « il faut des avis éclairés, émis par des personnalités compétentes et crédibles », a fait valoir Anouar Kbibech. Selon lui, la mise en place de ce conseil théologique était un « prérequis » en vue du projet de « certification » des imams annoncé depuis des mois par son instance, afin de s'assurer que les prédicateurs intervenant dans les mosquées respectent les valeurs républicaines. Le nouveau conseil pourrait « recommander » les imams après audition ou examen sur dossier, a précisé Anouar Kbibech.
Selon ce responsable, il sera « complémentaire » des comités d'expertise religieuse déjà mis en place par certaines fédérations, notamment du conseil théologique créé il y a un an par des imams gravitant dans la mouvance des Frères musulmans.
Rached Cherif
(Avec AFP)