Le CCIF va porter plainte contre Laurence Rossignol

 Le CCIF va porter plainte contre Laurence Rossignol

Conférence de presse au siège du Collectif Contre l’islamophobie


 


80% des personnes victimes d’islamophobie sont des femmes. Le collectif contre l’islamophobie en France a reçu plus de 400 demandes de la part de diverses personnes, hommes, femmes, musulmans ou non, d’origine africaine ou non, pour mener un combat contre les propos de la ministre.


 


« La comparaison en elle-même demeure abjecte; c’est du révisionnisme concernant l’esclavage, aucune trace historique ne certifie que des esclaves américains étaient pour l’esclavage et il ne faut surtout pas croire que c’était un dérapage anodin dû au hasard » selon Yasser Louati, le porte parole du CCIF.


La ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, avait comparé les femmes qui choisissaient volontairement de se voiler aux « nègres américaines qui étaient pour l’esclavage ». Le collectif reproche aussi à certaines émissions d’avoir invité Laurence Rossignol sans laisser la parole aux premières concernées : les femmes voilées. D’après plusieurs témoignages de femmes portant le voile, les propos tenus par certains acteurs du gouvernement les déshumanisent. Elles se sentent traitées comme des « boucs émissaires ».


 


Un gouvernement qui semble contradictoire


Pour le CCIF, le premier discriminant des actes islamophobes est le gouvernement. Les propos de Manuel Valls sont mis en cause. Il avait déclaré que« la femme voilée n’est pas une femme qui s’habille dignement ou par simple choix, c’est une déclaration politique, il va falloir agir ». Mireille Fanon-Mendès-France, présidente de la fondation Frantz-Fanon, qui va agir au côté de CCIF, compte réagir sur les deux termes de Laurence Rossignol : « L’aspect stigmatisant de la femme voilée et ses propos négationnistes sur l’esclavage, le terme nègre aussi est utilisé péjorativement, il ne devrait pas être employé ici». Ce qui dérange les associations est « la méconnaissance de ceux qui nous gouvernent en insinuant que les femmes voilées seraient pour une forme d’esclavagisme ». En contraste avec les propos de Manuel Valls et Laurence Rossignol se trouve la campagne du gouvernement lancée par le Premier Ministre : « Le racisme ça commence par des mots. Ça fini par des crachats, des coups, du sang ». Pour les deux organisations, le Ministre et sa consœur ont déjà engagé le commencement de ce slogan car leurs propos ont des conséquences et un impact sur le réel.


 


Le combat juridique


Le CCIF veut porter plainte à deux niveaux, contre l’afrophobie et l’islamophobie. Il a décidé avec l’association Frantz-Fanon de saisir la Cour de justice de la République sur « le fondement de l’injure publique à caractère racial ». Il se tournera aussi vers le tribunal correctionnel pour les mêmes faits et associera le collectif avec les plaignants. Le CCIF s’engage de même aux côtés de la fondation Frantz-Fanon « dans le cadre d’une action de la responsabilité contre l’état, qui devra répondre de ses propos dans l’exercice de ses fonctions ». Laurence Rossignol devra s’expliquer devant le tribunal administratif sur ses déclarations. L’ensemble de ses actions sera porté par l’avocat Henri Braun et un collectif d’avocats. Pour Henri Braun « il s’agit de sanctionner l’auteur de ces propos qui sont profondément racistes et négationnistes, il y a également un élément de réparation comme il en est toujours le cas en droit ».


Au grand désespoir de Mireille Fanon-Mendès-France « Nous n’arriverons pas à vivre dans un monde où nous sommes égaux et différents ».


 


Lina Badreddine