La ville de Montreuil tente de se dédouaner des expulsions de Roms et de migrants

 La ville de Montreuil tente de se dédouaner des expulsions de Roms et de migrants

Paris – 17/08/2016. Des migrants sont sous surveillance policière


 


Le 28 juillet dernier, un camp de Roms, installé depuis 2010 dans le quartier de la Boissière à Montreuil, a été évacué. Depuis le mois d’octobre 2015, suite à un début d’incendie, le camp était sous le coup d’un arrêté d’expulsion « pour péril imminent ». C’est donc une cinquantaine de personnes, dont des enfants scolarisés qui se sont retrouvés à la rue. Lassée de jouer le mauvais rôle, la ville de Montreuil explique ses motivations début août dans un communiqué plutôt offensif. Sécurité, logements sociaux, rôle de l’Etat, Montreuil ne veut pas être la seule responsable.


 


Pas les seuls responsables


« Pour les familles roms qui vivaient au quartier de la Boissière dans un hangar insalubre et dangereux pour elles-mêmes et pour le voisinage, il eut été irresponsable de faire durer cette situation (…) c'est donc en pleine conscience et responsabilité que nous avons invité il y a plusieurs mois les quarante personnes qui occupaient cet espace à le quitter », selon la ville de Montreuil. Les raisons avancées d’une telle expulsion sont donc d’ordre de sécurité et la ville de Seine-Saint-Denis ne tient surtout pas à porter seule le poids du (non)relogement : « Nous sommes dans le  même temps intervenus auprès de l'Etat pour que des solutions leur soient proposées (…) L'hébergement d'urgence et le logement sont des compétences qui relèvent de l'Etat ». De plus, la ville indique que toutes les solutions de relogement ont été refusées par les Roms, Montreuil aurait donc fait tout son possible.


 


Le problème Baras


« Avec leur municipalité les Montreuillois prennent leur part – et elle est grande – de la misère du monde » avance la ville de Montreuil, rappelant qu’elle aide 103 familles roms à travers le programme MOUS et qu’elle est dotée de 10 résidences sociales ou foyers de travailleurs migrants. Cependant, depuis près de quatre ans, une communauté de migrants baras, venant du Mali ayant transité par la Lybie, vivent régulièrement des logements de fortune en attendant une solution de la ville. L’année dernière, à la même époque, ces derniers étaient expulsés sans ménagement : « « Il n’y avait personne pour nous aider. Nous avons même laissé nos sacs, ils [Les forces de l’ordre, ndlr] nous ont dit qu’on ne pouvait pas les récupérer (…) Ils ont tenté de nous envoyer de force dans le métro mais nous avons refusé. Finalement nous avons fait le tour de Montreuil avec des CRS qui nous suivaient partout où nous allions (…) Ils nous ont dit qu'il fallait essayer d’aller hors de Montreuil », déclarait le porte-parole de Baras. A ce jour, le groupe de Baras a trouvé refuge dans un squat à Bagnolet, mais seront expulsables dès le 25 septembre prochain.


 


F. Duhamel