La vie en grand : un film rikiki
On a eu du mal à rester jusqu'à la fin. Mais bon… Dès le début de "La vie en grand", on a eu envie de se faire tout petit pour pouvoir quitter la salle. Encensé sans surprise par la grande majorité de la presse parisienne, le film, coproduit par le duo d’Intouchables, Olivier Nakache et Eric Toledano et réalisé par le chef opérateur sur ce gros succès du cinéma français est un long métrage sans intérêt.
Pour ne pas changer, la banlieue est présentée de manière caricaturale, ou manichéenne : au choix. L'histoire commence quand Mamadou, un gamin dont on ne connaît pas l'âge (10, 11, voire 12 ans), trouve un bloc d'haschich. Il va voir son ami Adama, un peu plus grand que lui, pour lui proposer de s'associer. Et on retrouve les deux compères à vendre du shit, comme ça à l'air libre… Tous les acheteurs sont bien entendu des Blancs au look friqué.
On suit surtout le parcours d'Adama qui vit seul avec sa mère, séparée du papa, à cause de la loi sur la polygamie ! Rien que ça…Grâce à l'argent récolté, Adama achète une machine à laver à sa mère ! Blanchiment d'argent … Ils ont donc pensé à tout !
Sans surprise, Adama n'est pas un très bon élève, la principale du collège va alors passer un contrat avec lui : Adama s'engage à bien se comporter et avoir la moyenne au prochain trimestre. Oui Patronne ! Toute l'équipe éducative de ce collège de banlieue sont Blancs, pour en avoir visité quelques-uns, on se rend compte que ça a un peu changé depuis le temps… Des profsqui sont là pour sauver les indigènes, Tintin au Congo, des élèves bruyants, comme Kader qui fait des blagues sur les tournantes.
Pour sauver l'honneur, on a un prof d'anglais, un Noir à lunettes. Et aussi une nana de Pôle Emploi, sans doute une Maghrébine mais on n'est pas sûr et qui obtient à la maman d'Adama un boulot à Rungis de 22h à 4h pour deux mois. Quelle générosité …On voit aussi Adama prendre le bus et surtout mettre un ticket : tous les Noirs ne sont pas des fraudeurs …
On continue un peu dans l'histoire où le scénario a été mis de côté quand un grand de la cité agresse Adama et lui demande son portable. "T'as pas de portable donc t'as pas d'argent", lance le lascar à Adama. "Tu vas donc travailler pour moi". Heureusement pour Adama, les flics, qui font une méga descente à la cité, arrêtent le soir même le méchant garçon. Ouf.
Adama se fait choper plus tard, sinon c'est pas marrant, par deux dealers de la cité, deux Noirs et heureusement que l'un d'eux connaît son grand frère (le frangin d'Adama a été envoyé au bled parce qu'il faisait des conneries !), sinon "il lui aurait cassé ses dents". Adama leur propose ses services, "je suis un être insoupçonnable", à cause de son jeune âge. Les dealers refusent 2 minutes puis acceptent de l'engager.
Comme dans Scarface (la comparaison s'arrête là), Adama et Mamadou voient leur business grandir. Adama, bourré de fric, et malgré la machine à laver toute neuve, portera la même veste pendant tout le film, un haut de survêtement de l'équipe de France pour montrer l'attachement de ce jeune délinquant au pays d'Aragon.
Justement, Aragon… Place à ces scènes "mythiques " où on voit Adama préparer des barrettes de shit et apprendre des poésies… d'Aragon. Ouais, ouais et ouais. On pourrait continuer encore avec la médiocrité de ce film mais on préfère s'arrêter là. Un long métrage bourré de condescendance et de paternalisme.
On n'est pas vraiment surpris en fait. Un film tellement propre qu'à la fin, Adama est mis en garde à vue dans une cellule toute clean. Comme si ça existait…
PS: la seule chose qui sauve un peu le film est la qualité d’interprétation des deux jeunes acteurs, Adama et Mamadou …
Nadir Dendoune