« La vie de Château », l’ode du 7e art au quartier africain de Paris
Ce film signé Cédric Ido et Modi Barry est une comédie qui se déroule autour de la station de métro parisienne « Château d’Eau ». Une première pour ce quartier africain haut en couleurs, jusque-là jamais porté à l’écran.
Le pitch du film importe peu, seul le quartier compte. « Château d’eau » et ses rabatteurs pour des salons de coiffure afro, attroupés aux sorties de métro, « Château d’eau » et ses communautés indienne, kurde, africaine, chinoise que les bobos tentent de chasser sans vraiment y parvenir, « Château d’eau » et ses bons plans, business, gros coups à ne pas rater. Voilà le décor du film que Cédric Ido et Modi Barry ont réalisé pendant 3 ans. Ce n’est pas un documentaire, c’est de la fiction qui colle à la peau de ce quartier unique en son genre à Paris.
Roi de la sape
Jacky Ido, le frère d’un des réalisateurs, incarne Charles « comme le prince », glisse-t-il à chaque rencontre. Un rabatteur « sapeur » comme on voit souvent fleurir dans le quartier. Jusqu’à présent, comme tout bon roi de la sape qui se respecte, il mettait le moindre de ses kopecks dans sa garde-robe. Mais pour mener à bien un projet de rachat d’un salon de barbier kurde, Charles se sacrifie et décide de vendre toutes ses vestes… toute sauf une, qu’il retrouve d’ailleurs dans la rue sur le dos d’un « vendeur de bissap malien », comble de l’injure suprême pour un sapeur.
Culture au retentissement énorme
« Château d’Eau » est un des derniers quartiers populaires parisiens que les réalisateurs fréquentent « depuis toujours ». « Ces quelques rues autour de la station de métro ont vu naître des genres musicaux, des danses, des modes vestimentaires… Toute une culture au retentissement énorme y est née, diffusée en Afrique et dans le monde par la diaspora », explique Cédric Ido.
« Château d’Eau », c’est aussi ce quartier qui fait rêver jusqu’au continent africain et qui, souvent, provoque quelques désillusions une fois le pied posé sur le plancher parisien. D’où le titre du film d’ailleurs. Mais toujours avec une certaine poésie, dans la musique qui accompagne l’histoire et dans les mots, souvent bons, qui sortent de la bouche des personnages.
Chloé Juhel
« La vie de Château », de Cédric Ido et Modi Barry, actuellement en salle