La Tunisienne Nadia Khiari récompensée au Festival d’Angoulême pour son « courage artistique »

 La Tunisienne Nadia Khiari récompensée au Festival d’Angoulême pour son « courage artistique »

La maman de Willis from Tunis fait partie de la génération de caricaturistes issus de la révolution et qui s’est fait connaitre sur les réseaux sociaux.


La dessinatrice tunisienne Nadia Khiari a reçu samedi au Festival off de la BD d'Angoulême le prix « couilles au cul » récompensant « le courage artistique d'un auteur ». « Je dédie ce prix à tous ceux qui privilégient la liberté à la sécurité, ceux qui n'ont pas peur, ceux qui résistent », a dit la dessinatrice.


 


Prix « couilles au cul »


Nadia Khiari, 42 ans, s'est lancée dans le dessin satirique depuis la révolution tunisienne de 2011. Elle est l'auteure des aventures du chat « Willis from Tunis », un félin espiègle et moqueur qui ne respecte rien ni personne sauf la liberté. Ses dessins irrévérencieux sont particulièrement populaires chez les Tunisiens qui les partagent abondamment sur les réseaux sociaux.


« Aux pessimistes qui disent que le Printemps arabe est un échec, je dis qu'il ne faut pas nous sous-estimer. Ça prend du temps. La Révolution c'est long, mais c'est bon », a dit la lauréate. Le prix remis dans le cadre du Festival off de la BD d'Angoulême a été créé à l'initiative de Yan Lindingre, rédacteur en chef de Fluide Glacial.


La dessinatrice est également l’auteure d’un livre de dessins intitulé « Manuel du parfait dictateur » dans lequel elle dénonce le sentiment nostalgique d’un régime autoritaire qui monte dans la société tunisienne.


 


La remise du prix « Charlie Hebdo » ajournée


« L'intitulé est volontairement trivial et provocant, mais il permet de rappeler que le métier des humoristes et en l'espèce des dessinateurs de presse, c'est de faire rire », a expliqué Yan Lindingre. Le nom du titre vient de l’expression éponyme française issue de l’argot qui veut dire avoir du courage.


Il existait à Angoulême un Prix Charlie Hebdo de la liberté d'expression, créé au lendemain des attentats de janvier 2015, mais la direction du Festival et Marika Bret, DRH de Charlie Hebdo, ont indiqué en décembre qu'ils ajournaient la remise de ce prix pour des raisons de sécurité. Selon eux, une telle récompense était susceptible de mettre en danger son récipiendaire.


Yan Lindingre a indiqué « être tombé de son siège » en apprenant cette décision. « Toute proportion gardée, nous pensons au contraire qu'un prix Nobel de la paix n'a jamais nui à son récipiendaire si ce dernier subit des menaces dans son pays », a-t-il dit.


Rached Cherif