La survie du FC Mantois menacée par la mairie FN de Mantes la ville
« Il met en péril un club qui a un rôle important, tant sur le plan sportif que sur le plan social et éducatif » dixit Nabil Djellali, président du FC Mantois. Ce dernier fait référence à une baisse drastique des subventions payées par la mairie de Mantes-la-Ville pour l'année 2015. Pour tenter de se sauver, le club a mis en place une campagne de crowdfunding. Baisse légitime pour le maire FN de la ville, décision injuste pour le président du club, cet événement ne fait que mettre en relief un dialogue compliqué entre la mairie et le club amateur.
Baisse des subventions
Arrivé à la tête de Mantes-la-Ville en 2014, Cyril Nauth (FN) et la municipalité avaient décidé de baisser toutes les subventions des associations de 20%. Le budget de 2015, confirmé fin mars dernier, annonce une baisse de plus de 60% des subventions allouées au FC Mantois. Incompréhensible pour le président du FC Mantois : « Pour la première baisse, on nous explique qu'il y des restrictions budgétaires, d’accord. Mais la décision de 2015, c'est une injustice. Aujourd'hui, le Maire ne fournit aucune explication par rapport à cette baisse excessive de subventions. Nous avons l'impression d'être pris pour cible ».
Convention 2013-2016
S'il concède qu'une convention liant le club amateur à la ville sur la période 2013-2016, Cyril Nauth rappelle qu'il n'y est fait mention d'aucun « montant précis concernant l'obtention d'une subvention, accordée après délibération municipale ». De plus, pour expliquer la baisse substantielle des subventions du FC Mantois, le maire indique que la ville va devoir engager des travaux de remise aux normes du stade René Bergeal à hauteur de 240 000 euros demandés par la Fédération Française de Football (FFF) sous peine de rétrogradation administrative du club : « Une dépense relativement imprévue. Nos prédécesseurs étaient au courant depuis plusieurs années et ont choisi de ne pas engager cette dépense, mais on arrive au terme de l'échéance… ». Pour Nabil Djellali l'argument de la rénovation ne tient pas la route et assure : « La moitié est prise en charge par la communauté d'agglomération (CAMY) (…) De toutes façons, nous parlons d'une subvention de fonctionnement et non d'une subvention d'investissement ».
Incompréhensions ?
Cyril Nauth est catégorique, mentionnant un « accord tacite » avec la CAMY : « Mantes la ville fait les travaux, donc nous baissons les subventions ». Le président du FC Mantois est tout aussi catégorique : « Le problème c'est que quand on interroge la communauté d'agglomération, ils n'ont même pas été concertés, ni questionnés… ». Autre incompréhension, le maire de Mantes indique avoir reçu, le 9 décembre dernier, M. Mendy, « l’entraîneur du club », et M. Nieng « le trésorier » pour les avertir de la situation : « Quand ils disent avoir été surpris par la décision lors du vote du budget le 30 mars, c'est complètement faux ». Impossible selon le président du FC Mantois : « On ne peut pas faire l'impasse sur une décision pareille. Des enfants sont en jeu, ainsi que le fonctionnement d'un club de plus de mille licenciés (…) S'il avait ne serait-ce qu'effleuré un tel sujet, nous aurions eu une remontée d'informations. S'il s'est bien adressé aux personnes dont il parle… ». Pour Nabil Djellali, le maire ne s'intéresse pas au club et confond tout le monde au sein de celui-ci malgré plusieurs rendez-vous. D'autant plus que cette décision met en péril les initiatives socio-éducatives menées par le FC Mantois tout au long de l'année. Bien plus qu'un club de football pour les enfants de Mantes-la-Ville, mais aussi des villes voisines Mantes-la-jolie et Buchelay.
Décision politique ?
« Ils essaient de politiser l'affaire en raison de notre étiquette politique. Ça fait tout de suite le buzz. Pour moi ce n'est pas une décision politique » indique Cyril Nauth. Ce dernier reproche tout de même au club son comportement lors des dernières élections. Des soupçons que réfute le président du club : « Nous menons des actions citoyennes ni plus, ni moins. Après si certains membres du club font de la politique, ça n'engage pas le club. Nous avons toujours cherché le dialogue, FN, pas FN, Droite, Gauche, peu importe. Mais quand des décisions comme ça sont prises à l'encontre du club, nous sommes obligés de monter au créneau ».
Club communautaire ?
Pour expliquer cette baisse de subventions et le comportement de la mairie envers le FC Mantois, Robert Mendy, responsable jeunes et seniors du club, avait évoqué la discrimination. Un argument que Cyril Nauth retourne au club : « J'ai souvent entendu dire de la part d'anciens dirigeants du CAMV ou des anciens membres du club, que le FC Mantois faisait de la discrimination positive à l'égard des gens issus de l'immigration. Je n'ai pas pu le vérifier, mais j'ai entendu ce type d'accusations de plusieurs personnes ». Là encore, Nabil Djellali s'offusque et rappelle les missions de son club : « Nous acceptons tout le monde. Qu'il nous dise qu'aujourd'hui le club refuse des inscriptions, oui, parce qu'il y a des listes d'attentes et qu'on ne peut pas prendre plus, nous sommes limités par les infrastructures (…) Mais jamais nous n'avons fait de discrimination positive. Il pense que nous sommes un club communautaire. Non, nous sommes un club inter-communal, entre Mantes-la-Ville, Mantes-la-jolie et Buchelay ». « M. Nauth nous a dit clairement que pour l'année prochaine, il ne faudra pas compter sur la subvention de Mantes-la-Ville » ajoute Nabil Djellali, totalement désarçonné par la position du maire de Mantes la ville.
Une affaire loin d'être finie puisque le club envisagerait une procédure judiciaire pour non-respect de la convention signée entre la ville et le club. Une perspective loin d'effrayer M. Nauth qui juge l'application de la convention « inattaquable ».
F. Duhamel