La population carcérale française atteint un nouveau record en juillet

 La population carcérale française atteint un nouveau record en juillet

La France est régulièrement épinglée en raison de la surpopulation carcérale et des mauvais traitements subis par les détenus.


Avec 69 375 personnes incarcérées, le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint au 1er juillet un nouveau record qui repose la question de la surpopulation pénale et des moyens d'y remédier. Depuis plusieurs mois, les statistiques frôlaient le précédent record historique de 68 859 détenus établi en avril 2014.


 


Taux d’occupation de 167 % en région parisienne


Les nouveaux chiffres publiés par l'Administration pénitentiaire (AP) se traduisent par une augmentation de la surpopulation pénale puisqu'au 1er juillet, la capacité des établissements pénitentiaires n'était que de 58 311 places opérationnelles. Parmi les détenus, 1 648 étaient installés directement sur des matelas posés au sol. Les points noirs se situent notamment en Ile-de-France, avec « huit maisons d'arrêt en état de saturation » et un taux d'occupation de « 167 % », a précisé mardi sur Europe 1 le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas.


Dans un communiqué, il a de nouveau défendu « la nécessité d'un programme de construction de places et d'un développement des aménagements de peines pour atteindre l'encellulement individuel dans les prisons ». Le ministre de la Justice remettra au Parlement en septembre un rapport dans lequel il « présentera des propositions pour lutter contre la surpopulation en prison ». Fixé dans la loi depuis 1875, le principe de l'encellulement individuel n'a jamais été respecté. Il a fait l'objet de moratoires successifs, le dernier allant jusqu'à 2019.


La principale cause du nouveau record est l'explosion du nombre des prévenus (les personnes non jugées définitivement), qui est passé début juillet 20 035 contre 17 602 un an plus tôt. Un résultat dû notamment aux procédures initiées après les attentats de Paris et en lien avec l'état d'urgence, souligne une source pénitentiaire.


 


La France mauvaise élève de l’Europe


Autre point marquant, la baisse des aménagements de peine (13 283, -1,5 %) et l'effondrement des libérations sous contrainte (442, -19,8 %), qui témoignent d'un durcissement du système carcéral. Un rapport du Conseil de l'Europe publié en mars classait la France parmi les mauvais élèves en matière de surpopulation carcérale, à la septième place sur ses 47 membres. Fréquemment, la France est épinglée par la Cour européenne des droits de l'Homme pour « traitements dégradants » des détenus.


Les conséquences de cette surpopulation sont connues : tensions et violences entre détenus et contre les surveillants, diminution des activités et moindre disponibilité des conseillers d'insertion. La CGT pénitentiaire s'est d'ailleurs dite mardi « très inquiète pour le quotidien » des personnels. Au final, la prison peine à préparer les détenus à leur sortie, ce qui favorise la récidive. « Nos prisons annoncent les malheurs de demain », a récemment prévenu Jean-Jacques Urvoas.


 


Toujours plus de prisons


Sur les raisons de cette explosion, beaucoup voient les conséquences d'un climat sécuritaire, d'une demande de fermeté de l'opinion nourrie par l'actualité et le débat politique, qui conduirait les juges à durcir les peines. Si le ministre souhaite la construction de 4 300 nouvelles places de prison, la droite estime ce besoin à 10 000 ou 20 000 places.


Mais, la construction de nouveaux établissements prend en moyenne dix ans et coûte autour de 200 000 euros par cellule pour une maison d'arrêt de 500 places, selon une source pénitentiaire. La contrôleuse des prisons Adeline Hazan est en revanche favorable à un « numerus clausus » ou « seuil » au-delà duquel il ne serait plus possible d'incarcérer.


Rached Cherif


(Avec AFP)