« La police traite les immigrés comme des bêtes »
Une conférence de presse était organisée, vendredi 26 juin, à la Halle Pajol (Paris) pour dénoncer le traitement réservé aux migrants et réclamer un toit pour tous.
Quelques matelas entassés par terre permettent à une cinquantaine de migrants de se « regrouper sur la halle Pajol jusqu’à une nouvelle évacuation ». Accompagnés par les membres du comité de soutien (citoyens, militants, voisins) ils vivent dans l’attente et la crainte.
Depuis le début du mois de juin, les migrants sont chassés par la police, parfois matraqués et traités comme des moins que rien. Yacoub témoigne, « la police traite les immigrés comme des bêtes et elle n’assure même pas notre sécurité, un jour on va trouver des cadavres ». Un sentiment justifié, jeudi matin un migrant s’est fait poignarder, il se trouve entre la vie et la mort. Un peu plus tôt une femme a accouché avant de se retrouver jetée à la rue deux jours plus tard.
Heureusement la solidarité du voisinage (douches, cours de français, soutien moral) tranche « avec les pouvoirs publics qui empêchent les gens de discuter, de se rencontrer » explique Houssam, membre du comité de soutien. Dénonçant les conditions abjectes dans lesquelles vivent 70 migrants dans le square de la Chapelle, « parmi les ordures et les rats », il réclame « un logement pérenne et salubre pour que les gens puissent s’organiser ».
Entassés à 16 dans une chambre sans eau ni nourriture
Les migrants et leur comité de soutien dénoncent la logique du chiffre prônée par la mairie de Paris et le gouvernement. « Faire partir un SDF d’un centre d’hébergement pour mettre un migrant c’est faire le jeu du Front national » dénonce Houssam.
Jusqu’au 11 juin dernier, le discours des pouvoirs publics était implacable, « il n’y a pas de place, rentrez chez vous ». Le jour même après avoir occupé quelques heures une caserne de pompiers désaffectée, « 110 places sont apparues ». Rebelote, vendredi dernier, après l’évacuation musclée du campement d’Eole, « 226 places ont été libérées, ça donne des indications sur la logique de la place » glisse Houssam.
Désormais ils réclament « la réquisition des logements vides qui nécessite juste l’application du droit et de l’ordonnance du 11 octobre 1945 ». En attendant les migrants doivent se débrouiller comme ils le peuvent et faire avec ce qu’on leur propose, « le directeur de l’OFPRA a promis un logement à chacun raconte Yacoub », monté dans un bus lors de la dernière venue. « En arrivant nous nous sommes retrouvés à 16 dans une chambre, sans nourriture ni eau potable, je suis revenu » dit-il.
Certains oublient que les migrants aussi ont le droit d’être traités avec humanité…
Jonathan Ardines