La mairie de Stains contrainte d’enlever la banderole en soutien à Marwan Barghouti, le « Mandela palestinien »
Il y a quelques jours, un huissier s’est déplacé jusqu’à l’hôtel de ville de Stains (93). Il a constaté que la banderole en soutien à Marwan Barghouti, « Le Mandela Palestinien » était toujours affichée sur le fronton de la mairie (elle y est depuis 2009).
Mais plus pour longtemps : la cour d'appel de Versailles vient d'astreindre la ville à titre conservatoire à des pénalités financières journalières si elle ne retire pas la banderole. La municipalité de Stains se voit donc « dans l’obligation de l’enlever », indique-ton dans l’entourage du maire. « La ville ne peut pas avec l’argent public payer de telles amendes », justifie-t-on à la mairie, qui a jusqu’à ce soir minuit pour s’exécuter. L’entourage d’Azzedine Taibi, le maire communiste, parle de « sommes allant jusqu’à 1000 euros par jour ». « Vers 20H30, juste avant la tenue du conseil municipal, le maire retirera la banderole » souligne-t-on à la mairie.
L’histoire débute en 2014 quand Julien Mugerin, chef de l'opposition municipale, décide d’intervenir auprès du préfet de Seine-Saint-Denis (qui lui donne raison) pour lui demander la désinstallation de la banderole. « La prise de position de la ville constitue un frein pour le vivre-ensemble à Stains, si fragile dans une ville aussi riche de diversité : en important le conflit israélo-palestinien sur le territoire », se justifie alors l'élu UMP. Ce dernier estime que l’affichage de cette banderole est de nature à alimenter « une montée en puissance de l'antisémitisme et du communautarisme présents à Stains ».
Des arguments qu’avaient contesté ardemment Azzedine Taibi. « La banderole est présente depuis 2009 et il n’y a jamais eu aucun incident », avait rappelé l’édile au Courrier de l’Atlas. « Nous sommes ici dans un débat d’idées et rien d’autre. Notre initiative est largement soutenue par les habitants. Les gens sont plutôt contents de voir que la municipalité affiche son soutien à ce prisonnier politique, emprisonné en Israël», avait encore souligné le maire de Stains.
En 2002, Marwan Barghouti a été condamné par un tribunal militaire israélien, illégal au regard du droit international, à cinq peines de perpétuité pour son implication présumée dans des meurtres visant des civils israéliens. Un « procès jugé non équitable », comme le souligne un rapport de la commission des droits de l'homme de l'Union interparlementaire (l'organisation mondiale des Parlements des États souverains, NDLR).
Malgré les demandes répétées du préfet de Seine-Saint-Denis, la mairie de Stains avait refusé de retirer la banderole. Le préfet avait décidé alors de saisir la justice. Azzedine Taibi s’était rendu au tribunal administratif de Montreuil le 21 mars dernier pour une première audience.
Le fond de l’affaire sera jugée ce mardi 14 juin à 9h. Toujours au Tribunal administratif de Montreuil.
Nadir Dendoune
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