La justice referme le dossier Ali Ziri, un retraité de 69 ans, mort dans un commissariat d’Argenteuil
Pour la famille et le comité de soutien d'Ali Ziri, la décision de la Cour de cassation n'est pas une surprise. "Nous allons nous tourner désormais vers la cour européenne des droits de l'homme", lâche, déterminé, un des membres du collectif.
La plus haute juridiction française a refermé définitivement, mardi 16 février, l’enquête sur Ali Ziri. Ce retraité algérien de 69 ans est mort dans des conditions plus que douteuses le 11 juin 2009, après un contrôle policier à Argenteuil (Val-d’Oise).
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi contre l’arrêt de la cour d’appel de Rennes qui avait confirmé, en 2014, le non-lieu prononcé par les juges d’instruction.
Tout commence le 9 juin, quand Ali Ziri est interpellé avec un ami, Arezki Kerfali, 60 ans, à bord d’un véhicule que ce dernier conduisait. Alcoolisés, les deux hommes sont emmenés au commissariat d’Argenteuil où ils sont placés en garde à vue. Ali Ziri tombe alors dans le coma. Le retraité mourra deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil.
Une première autopsie montre que les supposés problèmes cardiaques d'Ali Ziri ainsi que son alcoolémie sont les causes directes du décès. Mais très vite, une contre-expertise révèle la présence d’une vingtaine d’hématomes, dont certains larges de 17 centimètres, laissant penser à une autre version.
Effectivement, l'institut médico-légal conclut qu’Ali Ziri est « décédé d’un arrêt cardio-circulatoire (… ) par suffocation multifactorielle (appui postérieur dorsal, de la face et notion de vomissements) ». Les fonctionnaires de police auraient donc utilisé la technique interdite du « pliage » pour maîtriser le vieillard.
Malgré ces éléments à charge, la Cour de cassation a estimé que « les manœuvres de contention pratiquée sur Ali Ziri avaient été rendues nécessaires par l’agitation et la rébellion des personnes interpellées ». Une décision plus que surprenante, surtout si on prend en compte l'âge avancé d'Ali Ziri ainsi que de son état au moment de son arrestation…
Après trois ans d’instruction, le juge a décidé de prononcer le non lieu, expliquant n’avoir pu établir "aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès".
Du déjà vu malheureusement. De mauvais augure, alors que d'autres affaires de violences policières sont en cours d'instruction.
Nadir Dendoune