La communauté tunisienne rend hommage aux victimes des attentats de Paris
Trois jours après les sanglants attentats de Paris, l’ambassadeur de Tunis à Paris a rendu lundi soir un hommage aux victimes. Le diplomate était accompagné pour l’occasion de représentants associatifs, d’élus issus de l’immigration tunisienne en France, mais aussi de nombreux anonymes venus se joindre aux passants très nombreux sur les lieux depuis la fusillade.
Tunisiens et Français entonnent la Marseillaise à l’unisson
« Ça les fera pas revenir, mais c’est le minimum que l’on peut faire », explique Tarek Ben Hiba, militant associatif franco-tunisien et conseiller régional d’Ile de France. Comme lui, des dizaines de Tunisiens se sont rassemblés à l’angle de la rue Faidherbe et de la rue de Charonne dans le 11e arrondissement, devant le restaurant où 18 personnes sont tombées sous les balles.
« Ce sont des morts innocents, victimes d’une vision fasciste de la société », ajoute l’élu du Front de gauche. Derrière lui, des Tunisiens et des Français entonnent une Marseillaise en agitant un drapeau tricolore géant avant de lancer un sonore « Vive la France, vive la République ! »
Une délégation diplomatique menée par l’ambassadeur de Tunisie à Paris a déposé une gerbe de fleurs en hommage aux victimes, notamment deux jeunes sœurs tunisiennes qui étaient de passage à Paris. Au milieu des bougies et des amoncellements de bouquets, certains mots mentionnent Mabrouk Soltani, le jeune berger décapité le même jour à Sidi Bou Zid dans les régions intérieures de Tunisie et dont seule la tête a été retrouvée. Le temps mis par les autorités locales pour y réagir a d’ailleurs choqué une partie des internautes tunisiens.
« Ces morts sont nos morts »
« Ces morts sont nos morts, et nos morts sont leurs morts. Je ne comprends vraiment pas pourquoi certains Tunisiens nous reprochent de pleurer certains morts plus que d’autres », déplore pour sa part Samir Taïeb, membre de l’assemblée constituante tunisienne de 2011 à 2014. L’ancien élu progressiste regrette également le manque d’unité internationale dans la lutte contre le terrorisme et l’existence de deux coalitions aux visions opposées en Syrie. Ce doit être « une bataille universelle contre un fléau destructeur qui frappe partout, du Liban à New York en passant par Paris et Tunis. »
« Ces personnes sont victimes du jeu des grandes puissances, qui ont créé Daesh et qui ne peuvent plus contrôler ce monstre qui se retourne contre eux, comme on l’a vu avant avec Oussama Ben Laden », ajoute ce professeur de droit. Pour Tarek Ben Hiba, c’est en France que le combat doit être mené, « sur le terrain de la culture et de la langue. L’arabe est le principal vecteur du fondamentalisme dans sa façon dont il est enseigné dans certaines mosquées. L’État doit s’impliquer pour enseigner l’arabe dès la primaire avec un contenu laïc ».
Rached Cherif