L’origine sociale déterminante dans la réussite des élèves, selon une étude internationale
Les élèves français de 15 ans affichent des performances dans la moyenne de leurs pairs des pays de l'OCDE. Mais une fois encore, la France se distingue par le poids de l'origine sociale sur les résultats de ses enfants. L’école française, censée être le socle de la société en garantissant l’égalité des chances peine de plus en plus à compenser les inégalités sociales.
L’école française mauvaise élève de l’équité sociale
Les quelque 6 000 jeunes Français testés au printemps 2015 affichent en moyenne un score de 495 points en sciences, dans la moyenne de l'OCDE (493) et équivalent à celui de l'Autriche, des États-Unis et de la Suède, révèle mardi la très attendue étude internationale Pisa, publiée tous les trois ans. Par rapport à la dernière étude comparable de 2006, la proportion des élèves « très performants » est stable de 2006 à 2015, à 8 % (dans la moyenne OCDE), tandis que celle des plus faibles passe de 21 % à 22 %, un peu supérieure à la moyenne OCDE (19 %).
Mais comme Pisa le souligne depuis sa première édition en 2000, la France compte parmi les pays où le milieu social, économique et culturel d'un élève influe le plus sur ses performances scolaires. En plus des tests de compétences, les élèves remplissent un questionnaire « de contexte », pour connaître leur milieu d'origine et leurs sentiments vis-à-vis de l'école, un volet qui participe de la richesse de cette enquête référence pour l'évaluation des systèmes éducatifs dans le monde.
Les chercheurs ont ainsi conçu un indice de statut économique, social et culturel. Or une hausse d'un point de cet indice s'accompagne d'une hausse de 57 points en mathématiques d'un élève français (contre 38 points en moyenne dans l'OCDE), le chiffre le plus élevé des 72 pays participants à cette enquête 2015. Si cet écart ne s'est pas creusé depuis 2006, il ne s’est pas réduit non plus.
Les réformes actuelles « plutôt en phase avec les recommandations » de l'OCDE
Près de 40 % des élèves français issus d'un milieu défavorisé sont en difficulté, selon les tests de performance Pisa, contre 34 % pour la moyenne OCDE. Et seulement 2 % des élèves d'un milieu défavorisé figurent parmi les élèves les plus performants (3 % en moyenne OCDE). L'origine sociale influe partout sur les résultats scolaires d'un élève, mais certains pays réussissent mieux à amoindrir ce facteur, comme le Canada, la Corée du Sud, l’Estonie, la Finlande et le Japon, qui affichent en outre des scores élevés de performance scolaire. Pisa « a montré qu'on pouvait avoir l'excellence et l'équité sociale », a martelé Gabriela Ramos, directrice de cabinet du secrétaire général de l'OCDE.
À cinq mois de la présidentielle, la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem a prôné la poursuite des réformes mises en place sous François Hollande, qu'elle a qualifiées de « choc Pisa ». Les propositions de la droite, a-t-elle accusé lors de la conférence de presse de présentation de l'enquête, se résument à « nous réentraîner dans le déclin (…) de la décennie des années 2000 ». « Les politiques menées actuellement sont plutôt en phase avec les recommandations que fait l'OCDE depuis 20 ans », abonde Éric Charbonnier, spécialiste éducation au sein de l'OCDE.
Rached Cherif
(Avec AFP)