L’islamophobie en hausse selon le CCIF

 L’islamophobie en hausse selon le CCIF

Conférence de presse du CCIF tenue le 10-02-2016 – Yasser Louati


 


Le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF) tenait, ce mercredi  10 février, une conférence de presse pour divulguer ses chiffres des actes islamophobes en 2015. Comme attendu, ils ne sont pas reluisants avec une hausse de 18,5%.


 


« L’islamophobie est en hausse depuis 2004, les deux attentats sanglants de 2015 ont encore poussé à l’augmentation des actes islamophobes ». Yasser Louati, porte-parole du CCIF, ne cache pas son inquiétude.


L’année qui vient de s’écouler a été sombre pour la communauté musulmane de France. Les terribles attentats ont poussé certains à faire l’amalgame entre musulmans et terroristes, bien aidés par des discours politiques souvent très tendancieux.


Résultat ? Une hausse de 18,5% des actes islamophobes recensés par le CCIF, 905 au total contre 764 l’année précédente et 691 en 2013. « Nous avons reçu plus de 2500 sollicitations, 905 ont été classifiées comme islamophobes ».


Si les chiffres restent bien au dessus de ceux du ministère de l’Intérieur (400), Yasser Louati rappelle que les plaintes se font trop rares, « pour 510 actes signalés il y a 20 plaintes enregistrées ».


Selon le CCIF, la plupart des victimes seraient dépitées, « aucune peine exemplaire qui pourrait empêcher la récidive n’est prononcée, ce qui entraîne une défiance vis-à-vis des institutions ».


Lila Charef, responsable du service juridique cite l’exemple de Mr Cherifi, pris par erreur pour l’auteur d’un braquage à Dreux. Victime d’un tabassage en règle de la part des policiers, l’homme a perdu l’usage de son œil droit.


« On vient de lui annoncer une décision de classement sans suite, le parquet a épousé la version de la police prétendant qu’il a tenté de fuir. Il était pourtant innocent… ». Plus grave encore, le parquet « est resté muet sur l’injure proférée par les forces de l’ordre, "sale musulman" ».


Face à la dérive, le CCIF en appelle « à une meilleure formation des agents de police ». Bien souvent les plaignants se voient rembarrés au commissariat, « revenez plus tard », « il y a des affaires plus graves »…


Comme trop souvent, ce sont les femmes qui sont les premières victimes de l’islamophobie. Les actes touchent 76% de femmes et les agressions 82%.


Plus de 40 lieux de culte ont été ciblés, « la faute à un discours politique qui diabolise les mosquées pourtant surveillées par les RG » souligne Yasser Louati.


Enfin, le CCIF note également une corrélation entre les attentats et les actes islamophobes. L’Etat d’urgence qui a suivi n’a pas aidé. Les 3336 perquisitions ont souvent « ciblé tout et n’importe quoi, dont une majorité de citoyens de confession musulmane ».


« Les forces de l’ordre débarquaient lourdement armées, devant des femmes et des enfants » souligne Lila Charef. « Lorsque le musulman est victime, on se rend compte qu’il a peu de relais » conclut la responsable du service juridique.


 


Jonathan Ardines