L’eurodéputé et vice-président du FN Jean-François Jalkh mis en examen pour « escroquerie »

 L’eurodéputé et vice-président du FN Jean-François Jalkh mis en examen pour « escroquerie »

C’est la première fois qu’un cadre dirigeant du Front national est directement inquiété dans cette affaire. Joel Saget / AFP


Jean-François Jalkh, vice-président et responsable des questions juridiques au FN, a été mis en examen cette semaine dans l'enquête sur le financement de campagnes électorales du parti d’extrême droite, selon des sources concordantes. Le préjudice pour l’État pourrait atteindre plusieurs millions d'euros en remboursement de frais de campagne.


 


Soupçons de financement illégal et d’enrichissement illicite


Ce n'est pas en tant que responsable du FN mais pour sa fonction de secrétaire général de « Jeanne », le microparti de Marine Le Pen, que le député européen intéresse la justice. Jean-François Jalkh est mis en examen pour « escroqueries », « abus de confiance » et « acceptation par un parti politique d'un financement provenant d'une personne morale », en l'occurrence la société de communication Riwal, a précisé une source proche du dossier confirmée de source judiciaire. Ces délits sont susceptibles d'avoir été commis lors des législatives de 2012.


Avant lui, sept personnes et le microparti Jeanne (en tant que personne morale) ont été mises en examen par les juges d'instruction et la brigade financière qui soupçonnent des responsables de Jeanne et de Riwal d'avoir mis en place un système frauduleux d'enrichissement avec de l'argent public. Dans un communiqué, Jean-François Jalkh assure « qu’à aucun moment, il n’y a eu de la part de l’association Jeanne d’intention et de manœuvres frauduleuses lors des législatives de 2012 ».


Considéré comme le microparti de Marine Le Pen, qui n'apparaît toutefois pas dans ses statuts, Jeanne joue un rôle de premier plan dans le financement des campagnes frontistes. Lors des législatives de 2012, la structure prêtait de l'argent à une grande majorité des 577 candidats FN, tout en leur fournissant elle-même des kits de campagne (photos, tracts…) fabriqués par Riwal pour environ 16 000 euros le kit.


 


Surfacturations et campagnes électorales


Ce système, utilisé par 525 candidats selon une source proche du dossier, leur aurait été présenté comme obligatoire, ce qu'a démenti en février Marine Le Pen. « Mais si vous demandez un financement, il est assez légitime que Jeanne se pose la question de savoir si ce financement va bien servir à mener une campagne, et pas à acheter une voiture ou faire autre chose », avait-elle ajouté en évoquant un « circuit totalement transparent ». Selon Jean-François Jalkh, le dispositif a par ailleurs « été exposé à la Commission nationale des financements politiques et validé par elle ».


Les enquêteurs soupçonnent au contraire ce mécanisme complexe et en vase clos d'avoir permis à la société Riwal, dirigée par Frédéric Châtillon, un proche de Marine Le Pen, de charger l'addition au préjudice final de l'État, qui rembourse les frais de campagne.


En cause également les intérêts facturés par Jeanne aux candidats FN. Mais, le parti s'est toujours défendu de toute irrégularité, en faisant valoir que « rien ne s'oppose » à ce que Jeanne « prête à des candidats aux élections », même avec intérêts, et que ses comptes ont été validés par la commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP). C'est cette autorité qui avait, au départ, signalé les faits au parquet de Paris.


Rached Cherif


(Avec AFP)