« L’Etat d’urgence n’est pas la solution »

 « L’Etat d’urgence n’est pas la solution »

Conférence de presse tenue par plusieurs organisations de jeunesse


 


Plusieurs organisations de jeunesse ont tenu une conférence de presse, ce mardi 1er décembre, pour affirmer que « la génération de la crise ne sera pas celle de la guerre » et appeler à un travail collectif pour lutter contre le terrorisme.


 


Symboliquement, la conférence de presse s’est tenue dans un café parisien. Plus de 15 jours après les attentats, plusieurs organisations de jeunesse « progressistes » ont signé un appel pour proposer une autre alternative au « tout sécuritaire », voulu par le gouvernement dans sa lutte contre le terrorisme. L’UNEF, le Parti de Gauche, les Jeunes Communistes (JC), l’Union Nationale des Lycéens (UNL) étaient réunis pour « faire entendre la voix d’une génération ».


« Nous sommes une génération en crise, mais on refuse de rentrer dans la spirale de la fuite en avant sécuritaire, de la violence » avance Nordine Idir, secrétaire général à la JC.


Depuis le 13 novembre et la proclamation de l’Etat d’urgence, plus de 2000 perquisitions ont été réalisées pour 210 gardes à vue.


Une situation qui inquiète une jeunesse qui ne veut pas « vivre dans une société où il y a un militaire à chaque coin de rue ». « On ne veut pas d’une société où notre voisin, parce qu’il est musulman, qu’il a la barbe taillée de la mauvaise façon, se retrouve perquisitionné en pleine nuit chez lui devant sa famille. On refuse ce modèle tout autant que le terrorisme » dénonce William Martinet, président de l’UNEF.


Pour les organisations de jeunesse signataires de l’appel, il ne faut pas reproduire les erreurs du passé, « la France ne peut pas faire un copier-coller des interventions américaines de l’après 11 septembre ».


Alors que faire ? « Il y a une fracture, il y a besoin d’un débat collectif de long terme. Il faut se poser les bonnes questions. Pourquoi les projets mortifères ont-ils  une telle influence ? Pourquoi à chaque fois que le Moyen-Orient est à feu et à sang, il y a des déflagrations en Europe ?  Il va falloir poser nos responsabilités » prévient Nordine Idir.


Surpris et déçus de constater la disparition du débat citoyen, qui avait suivi les attentats de janvier, les organisations de jeunesse veulent se faire entendre et peser dans la balance. Première victime des attentats du 13 novembre, la jeunesse française veut comprendre « afin d’empêcher ces fractures et ces basculements ».


Samia, présidente de l’UNL, regrette d’ailleurs les carences du gouvernement dans son plan de lutte contre le terrorisme, « à aucun moment on parle d’éducation, des questions culturelles… ». Pour la lycéenne, il faut poser les bonnes questions, « l’aspect sécuritaire est une réaction à court terme mais pas une solution pour régler le problème. Que fait le gouvernement pour résoudre le problème à la base ? » interroge-t-elle.


Pour ne pas tomber dans le piège des divisions et de la stigmatisation, les organisations de jeunesse réclament « plus de démocratie et plus de justice ». David, responsable national des relations unitaires au Parti de Gauche en remet un couche, « l’Etat d’urgence n’est pas la solution » et prévient, « les policiers vont être débordés, fatigués. Et plus ils sont fatigués, plus on prend des risques de dérapage ».


 


Jonathan Ardines