L’EHESS interroge le réformisme musulman

 L’EHESS interroge le réformisme musulman


Aujourd’hui et demain se tient, dans un amphithéâtre de l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales, une série de colloques sur « Les réformistes musulmans et leur rayonnement dans l’espace francophone ». L’occasion de questionner cette notion et de rappeler quelques fondamentaux devant un public tout ouïe.

 


Le but de ces deux jours est de « faire sortir les chercheurs de leur laboratoire, pour les confronter au public, pour mettre ces questions en place publique ». « La recherche est fondamentale lorsqu’elle s’oriente vers le grand public, c’est ma vision des choses », le ton est donné par Steven Duarte, maître de conférences à l’Université de Paris 13, ce vendredi matin dans un amphithéâtre quasi plein de l’EHESS, l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Cette série de conférences intitulée « Les réformistes musulmans et leur rayonnement dans l’espace francophone » est organisée par l’IISME, l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman. Ce vendredi matin, l’objectif de ces colloques est de faire dialoguer observateurs et acteurs sur la thématique : « De quoi le réformiste islamique est-il le nom ? ».



Le réformisme, un courant à part



Omero Marongiu-Perria, chercheur associé de l’Institut pour le pluralisme religieux et l’athéisme à l’Université de Nantes, pose les jalons de la réflexion que suscite cette conférence : il s’agit d’un regard socio-historique sur le réformisme, du début du 19e siècle jusqu’à aujourd’hui. Mohamed Haddad, professeur à l’université de Tunis-Carthage, explique ensuite que le réformisme religieux est « un paradigme à vocation universelle », selon lui, « toutes les traditions religieuses peuvent être réformées, réinterprétées pour s’adapter à la situation moderne qui est profondément différente de la situation médiévale ». Mohamed Haddad rappelle alors qu’« il n’y a aucun lien direct entre l’islam réformiste et l’islam fondamentaliste. Dans 80 % des livres, il y a cette erreur de considérer que le réformisme est d’inspiration salafiste. Au même titre que les Frères musulmans ne sont pas la continuité de l’islam réformiste, le réformisme est un courant à part ». Et de résumer son intervention ainsi : « ce qui est important aujourd’hui, c’est de montrer la diversité de l’islam. Il est tout aussi important de sortir tous les courants du même sac, et peut-être de permettre l’émergence d’un discours autre que l’islam politique. »



Chloé Juhel