« L’Ascension », en quête des sommets
Quand l’abnégation permet de renverser des montagnes, ou au moins de les gravir. Aujourd’hui (25 janvier), sort dans les salles obscures le film « L’Ascension », adaptation du livre de Nadir Dendoune, « Un tocard sur le toit du monde » (Eds JC Lattès, 2010), dans lequel il raconte comment il est devenu le premier Franco-Maghrébin à atteindre le sommet de l’Everest. Ecriture, production, tournage, tout a été un véritable parcours du combattant pour que ce film paraisse sur les écrans et truste déjà les récompenses.
Un mec « normal »
De Saint-Denis au sommet de l’Everest ! L’histoire vraie de Nadir Dendoune, journaliste et écrivain, avait déjà tout du scénario idéal, surtout lorsque l’on sait que ce dernier n’avait absolument aucune expérience de haute montagne. Cette réussite a été le fruit d’une abnégation et d’une motivation sans faille : « Aller là où les gens ne nous attendent pas. Pour ne pas être que dans le foot et le rap, pour montrer qu’on a aussi notre place partout. C’est une sorte de bras d’honneur à une certaine élite qui nous méprise » explique l’Ilodyonisien, fier de l’endroit où il a grandi.
Une détermination également perceptible au moment de réaliser l’adaptation de son livre. Pour « L’Ascension », Nadir Dendoune voulait éviter certains écueils : « Je ne voulais pas que celui qui joue mon rôle soit une caricature de la banlieue. Je voulais un mec « normal ». En banlieue, l’immense majorité des gens parle normalement. Et je ne voulais pas qu’il y ait de clichés ». C’est donc Ahmed Sylla, humoriste qui monte, qui a été sélectionné. Le comédien porte le film avec énergie, bagout et bonne humeur, sans faire « le mec banlieue », une vraie réussite de ce point de vue-là.
Tournage en haute altitude
Pour obtenir les images grandioses et coller un maximum au récit du livre « Un tocard sur le toit du monde », le réalisateur du film, Ludovic Bernard, et son équipe ont, eux aussi, dû « gravir » l’Everest : « C’est le tournage le plus haut du monde avec une équipe de comédiens qui sont montés jusqu’au camp de base, donc à 5300 m d’altitude » rappelle Nadir Dendoune. Ce dernier a également tenu à rendre hommage aux sherpas, sans qui le trail, avec toute l’équipe, n’aurait pas été possible. Pourtant, ce n’est pas sur le toit du monde que le tournage a été le plus compliqué mais bien sur le toit de l’Europe. Dans le massif du Mont-Blanc, les conditions météorologiques, notamment une tempête, ont rendu le tournage très difficile.
Six ans de travail
Si le tournage du film a été difficile, la mise en route de l’adaptation de l’ouvrage a été des plus laborieuses. Tout commence lors du passage de Nadir Dendoune dans l’émission 7 à 8, pour parler de son ascension, en 2009. Un ami commun de ce dernier et de Laurence Lascary, qui avait lancé sa boîte de production De l’Autre Côté du Périph’ (DACP) en 2007, les invite à se rencontrer :
« Elle n’avait jamais réalisé de long-métrage. Nous avons pris un verre, nous avons eu un coup de foudre amical et nous nous sommes dits que nous allions bosser ensemble. J’ai rapidement vu qu’elle allait tout faire pour mener à bien ce projet ». Un bon point de départ sauf que les difficultés ont été telles que « L’Ascension » a bien failli ne jamais voir le jour : « Il y a deux ans, ce n’était même pas sûr que le projet soit réalisé, c’était presque mort. Mais Laurence a réussi à trouver un distributeur et les choses se sont enchaînées (…) Ca a pris six ans, ça a été un Everest pour elle aussi », se remémore l’auteur.
Toute cette pugnacité commence finalement à payer. Avant même sa sortie en salle, aujourd’hui (25 janvier), « L’Ascension », porté par le duo d’acteurs prometteurs Ahmed Sylla et Alice Belaïdi, a déjà été récompensé.
Dimanche dernier (21 janvier), lors du festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez, le film a été récompensé du Grand Prix et du Prix du Public. Peut-être le début d’une avalanche de prix pour ce « feel good movie », qui a des chances de grimper assez haut dans le classement du box office.